Au lu ça dans un gratuit récupéré sur le bord d'une fenêtre de cet endroit :
"Le public se fout complétement du réel. Ce qu'il attend de ses voeux : une musique en captivité et qui tourne en rond. Comme dans une cour de prison. Se sentant, à tort, incapable de faire de la musique, il n'a de cess d'incarcérer la musique des autres.Bref, derrière tout enregistrement se cache la trahison et le ressentiment."
La nuance "à tort" à son importance. Elle montre que l'auteur à comme un peu de compassion envers ce public honni. La Musique n'est que pour les musiciens, le reste (concert, enregistrement,...) n'est que stratégie de subsistance. Dur à lire, mais au fond n'en est-il pas ainsi. L'Amour que voue l'artiste au public serait un mythe.
Article "Emporté par le vent - Entretien avec Jean-Louis Chautemps" dans le journal "Les allumés du jazz" n°25 (4ème trimestre 2009)
Ai lu aussi ça :
"La tragédiede la transmission, c'est que le médium, le CD, par exemple, se retourne contre le message et, tout en s'en réclamant, finit par le remplacer. [...] Reste que bien sûr sans médium, il n'y a plus de message."
Article "Emporté par le vent - Entretien avec Jean-Louis Chautemps" dans le journal "Les allumés du jazz" n°25 (4ème trimestre 2009)
Ni avais jamais pensé avant de l'avoir lu.
Dans la même veine :
"Les musiques populaires actuelles sont toutes non seulement dépendantes du disque, mais parfois sont les enfants directs de cet étrange procédé[...]"
Article "God save Donald Duck - Jean Rochard" dans le journal "Les allumés du jazz" n°25 (4ème trimestre 2009)
Il faut sans doute lire "disque" au sens large, puisque le support physique tend à disparaître.
Et aussi :
"Le poème est seul. Il est seul et en chemin. Celui qui l'écrit lui est simplement donné pour la route."
Paul Celan cité dans l'aricle "Emporté par le vent - Entretien avec Jean-Louis Chautemps" dans le journal "Les allumés du jazz" n°25 (4ème trimestre 2009)
Me souviens avoir pensé quelque chose d'approchant lorsqu'on m'expliquait que la poésie était un art méticuleux, pour les laborieux, un travail d'horloger... Impossible de ne pas observer l'autre rive, l'inspiration, la possession, -j'y vais sans retenu, je me lâche quoi- la transe. Les poèmes n'existaient-ils pas avant d'avoir été écrits? N'étaient-ils le fruit que d'un labeur quasi mécanique? Le rivage en face n'est-il qu'une illusion? Le poème se situait-il sur l'île au milieu?
Sinon, à propos d'internet :
"Il faut l'avouer, je suis un sympathisant de la révolution du "pronétariat". Autrement dit, de cette information qui provient, maintenant, de bas en haut."
Article "Emporté par le vent - Entretien avec Jean-Louis Chautemps" dans le journal "Les allumés du jazz" n°25 (4ème trimestre 2009)
Mais si l'info du bas était une régurgitation de celle qui vient du haut?
Moi qui par principe ne prend pas les journaux gratuits qu'on me tend matin et soir, suis bien heureux de m'être laissé tenté par celui-ci. Il faut dire que personne ne me le collait sous le nez comme un poignard. Il reposait là tranquil sur son bord de fenêtre, sans aucune prétention. La discrétion est parfois signe de qualité.