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Pendant que je repoussais une cuticule récalcitrante dans ses retranchements, mon téléphone s'est manifesté.
La directrice d'un centre de loisir non loin de chez moi m'invitait à la manifestation littéraire pour mardi prochain.
J'accepte avec plaisir, et lui promets de faire un joli papier sur l'évènement.
Elle me répond qu'elle souhaitait ma présence en tant qu'auteur principalement, "pigiste" ensuite, maman de lecteur et lectrice en dernier.
Soupir automatique.
Je décline la première invitation pour les raisons que je vais expliquer tout à l'heure.
L'heure est donc venue de faire le bilan de l'opération.
Et avec elle celle de faire jubiler les jaloux, les aigris, les prévenants et autres.
Je crois que j'ai fait une connerie.
Pour celles et ceux qui n'auraient soit pas suivi, pas compris ou encore pas envie de cliquer sur les liens ou fouiller dans les archives, je vais la faire rapide, pour me remercier, un petit
mail suffira, encore qu'un commentaire serait également le bienvenu car oui, je le confesse, j'aime les commentaires comme la moule affectionne son rocher ou tout autre image de haute voltige
parabolique.
Donc voilà.
Je suis liée avec les éditions Le Manuscrit depuis maintenant exactement quelques mois.
Contrat d'édition en poche, me voilà publiée.Zette & The
City était désormais disponible à la vente sur le site de l'éditeur avec un référencement attendu chez des partenaires tels Amazon ou Alapage pour les plus populaires.
Il n'appartenait qu'à moi que d'en faire la promotion, avec les moyens du bord, entendons me, myself and I.
Je me suis mise au travail, et me suis improvisée écrivain, agent littéraire et attachée de presse de mon ouvrage.
La formule était déroutante, mais après tout, pas mieux pour me faire les dents dans ce métier de requins comme disait la mère de Danièle Gilbert.
Peu à peu, de bouche à oreille, de canard en hebdo, de blog en sites, de micro en casque, j'ai réussi à faire associer mon nom au livre.
Cependant, les ventes ne décollaient pas plus que ça.
Pas de forfanterie, juste un constat.
Régulièrement, je recevais des courriers, des remarques, des coups de téléphone, m'indiquant les premiers freins à l'achat.
Parmi les plus récurrents, son prix, les délais de livraison, le référencement et la distribution.
Je tentais d'apporter les réponses les plus claires alors que je ne les maîtrisais pas.
Je transférais alors à mon tour les remarques listées au service concerné qui reprenait finalement les termes de mon contrat pour rassurer mes premiers doutes.
Je répercutais vers mes lecteurs potentiels qui eux, restaient patients et me promettaient de remplir mon escarcelle dès le référencement Web ou la distribution libraire.
Or, je ne sais pas où est passé Nicar.
Donc, disais-je, petit à petit, la patience atteignait ses limites, la mienne comme celle des autres.
Et par extension la crédibilité de la maison d'édition puis la mienne.
Aujourd'hui, ce refus téléphonique est la flaque de boue que fait le pavé que je fais tomber dans la mare.
Je ne dispose pas d'exemplaire à volonté comme Ron, Futur Papa ou encore
Bénédicte.
Je ne peux donc matériellement pas organiser des signatures dans tel ou tel salon du livre ou toute autre manifestation du genre.
Le seul moyen mis à ma disposition pour ce genre d'opportunité est la souscription qui ne génère aucun droit d'auteur pour les ventes associées.
Quant à la distribution libraire, la condition de vente ferme de l'éditeur au distributeur refroidit tous les bouquinniers.
La presse, comme tous les autres medias susceptibles d'être intéressés par Zette & The City, ne reçoit qu'un exemplaire numérique pour se faire une petite idée de son contenu.
Presse que je dois contacter si je désire un peu de lumière.
Le prix, bien que justifié selon l'éditeur comme " scrupuleusement étudié et adapté au marché", est catastrophiquement élevé, je suis plus chère qu'Harry Potter.
J'ai dû "me" commander et "me" payer plein tarif pour "m'"avoir chez moi, droits d'auteur déduits.
Par droit d'auteur, entendons 1€93 par exemplaire vendu.
A chaque échec de paiement par un lecteur, je propose d'exécuter la commande moi-même, sur mes deniers avancés et éventuellement de faire livrer chez moi afin d'apposer ma dédicace avant de
le réexpédier au client.
Enfin ça, c'était avant, dorénavant, non seulement je ne peux plus me permettre cette transaction, mais encore ma le paiement échoue également.
Pour les abonnés aux sites partenaires, sachez malheureusement qu'il y a de fortes chances pour que Zette & The City ne figure jamais dans la base de données et quand bien même, aucune faveur
ni promotion ne vous serait accordée.
Enfin, depuis quelques jours, mes appels téléphonique et courriers à l'éditeur restent sans réponse ou sur répondeur.
Il est évident que dans ces conditions, je ne dispose pas d'une marge de manœuvre suffisante pour diffuser mon livre à plus grande échelle.
Bien entendu, peut-être ne serait-ce pas pour autant que je tirerais à des milliers d'exemplaires.
Je suis déçue, mais pas prétentieuse.
Mais j'aurais aimé, quitte à jouer le jeu, pouvoir avoir toutes les cartes en main.
Pour conclure.
Je me fiche allègrement de savoir si j'ai du talent, du style ou du succès, je n'ai pas écrit mon livre ni le reste pour ça, je suis encore libre de penser seule ce que je pense de moi.
Quant à la pensée des autres, elle leur appartient.
Je n'ai absolument rien à faire d'apprendre tout ce que je sais déjà sur cette maison d'édition et toute l'encre électronique qu'elle fait couler. J'ai lu, entendu, et signé. Alors les "Je
t'avais prévenue", suivis des "Ca? Une maison d'édition?", ou encore des "Tu n'es pas écrivain, tu as imprimé ton blog", et enfin le fameux "Tu vois que tu reviens en rampant...", je conseille
d'éviter leur réédition.
Je suis plus que consciente qu'on ne vit pas d'écriture, si c'était le cas, ça se saurait et je n'ai jamais écrit dans ce but. Quoi qu'il en soit, c'est l'ANPE et le fisc qui le disent je suis écrivain et de fait, ce serait bien que je
puisse vivre mieux grâce à ce que j'écris.
Je souhaite bien évidemment trouver ou avoir la liberté de proposer Zette & The City et consorts un autre éditeur.
Enfin, et afin de river le clou.
Les commentaires ici tout comme mon adresse e-mail sont ouverts et disponibles.
Je n'en ai jamais effacé aucun et j'ai toujours répondu aux mails, lorsqu'Orange
y a mis de sa volonté.
Toutefois, aujourd'hui, je m'offre le luxe de balancer toute porte ouverte qui sera enfoncée dans ma corbeille.
Si l'envie en prend à certains d'entre vous, allez le faire ailleurs.
Je n'ai pas fait de procès ni de misérabilisme.
J'ai juste fait le bilan personnel d'exploitation des éditions Le Manuscrit.