Mario Giacomelli nait en 1925 et meurt en 2000 à Senigallia en Italie. A la mort de son père, à l’âge de treize ans, il se met à travailler dans une imprimerie : Les caractères typographiques qui ressortent de la page blanche marqueront à jamais son œuvre. Il commence alors à peindre, et, en 1952, achète son premier appareil photo qu’il bricole et avec lequel il ne cessera de pousser à l’extrême les limites du contraste. Mario Giacomelli s'intéresse aux hommes comme en attestent ses scènes de séminaristes qui jouent dans la neige, d'où se dégage une incroyable légèreté. Ses prises de vue qui tour à tour embrassent une foule d’impotents extatiques à Lourdes ou immortalise leur digne avancée vers le miracle dévoilent sans pudeur les faces les plus tourmentées de la condition humaine. Tout au long de son activité de photographe, Mario Giacomelli façonne des paysages aux lignes contrariées qui tendent vers l’abstraction. C'est ce travail, injustement méconnu semble-t-il, qu'a choisi de privilégier la Galerie Christophe Gaillard. Ces vues aux compositions rigoureuses sont bien plus que de simples exercices de style et se chargent de la même émotion que les sinistres photos de Lourdes et de l'asile de vieillards: la terre en gros plan est ici tellement creusée qu'elle en est scarifiée, là, les sillons qui la parcourent sont des stigmates aux trajectoires irrégulières, presque torturées. La violence des hommes ne se dirige pas seulement contre eux-mêmes: "La terre, nous avons abusé d'elle, nous l'avons violée, pillée, et, lentement, elle meurt elle aussi"disait l'artiste. Le survol des champs de Giacomelli nous laisse méditer, dans la plus pure élégance, sur le couple mythologique de l'homme et de la terre sur laquelle il ne cesse de mettre son empreinte.