2009 à la galerie Christophe Gaillard : Les arts graphiques dans tous leurs états
Publié le 14 février 2009 par Gaillard
L’année
2009 s’annonce riche en parcours d’univers artistiques. Après les photos
extrêmement colorées de Bénédicte Hébert, place en mars à l’économie des
couleurs de Chiharu Shiota, qui trace dans l’espace d’épaisses et denses lignes
noires autour d’objets aux couleurs pâlies. Elle confère ainsi à ses vestiges
emprisonnés une sacralité inquiétante ; et c’est avec une sorte de
fascination-répulsion que nous appréhendons ses étranges installations. Dans
ses dessins cependant, des fils rouges vifs écorchent le papier et y laissent
leur cicatrice en relief sur des silhouettes, esquissées à l’aquarelle, qui
paraissent parfois lointaines. Lui succède au mois de mai
Nasser Assar, dont les œuvres de la décennie 1970 avaient créé un véritable
engouement auprès de la société critique, intellectuelle et artistique de
l’époque dont le poète Yves Bonnefoy: ses grands paysages nuagistes (le peintre
est fasciné par Caspar Friedrich) nous invitent à une rêverie plus ou moins
tourmentée. Les huiles verticales roses explorent quant à elles le geste à
travers la calligraphie extrême-orientale. L’accrochage de juin est dévolu à un
jeune artiste contemporain, Thibault Hazelzet, plasticien et photographe, qui,
derrière des titres à tonalité mythologique ou biblique, joue sur les
superpositions pour aboutir à des compositions rigoureuses,
pluridimensionnelles. En octobre, Les huiles sur toile et œuvres sur papier de
Pierre Dmitrienko rassemblées dans la série des Biaffrais sont une
vive dénonciation de l’horreur : le peintre, à travers des graphismes
épurés et une palette contrastée entre le noir, le blanc et le gris, nous
secoue et nous lance au visage celui, baillonné, des victimes. Le mois de novembre
fait la part belle à la photographie interlope: Les montages de Pierre Molinier
dans des alcoves en noir et blanc nous convient à un bal fétichiste de jambes
ornées de jarretelles, bustes corsetés et têtes de poupées angéliques quand il
ne se met pas en scène dans une pose suggestive et dominatrice. L’année
s’achèvera sur les dessins médiumniques -où le papier n’est parfois qu’à peine
effleuré- de Fernand Desmoulin, graveur officiel de la seconde moitié du XIXe
siècle, qui, acquit au spiritisme, réalisa pendant deux ans des portraits aux
courbes évanescentes, mystiques, des lignes d’écritures penchées vers le haut
de la feuille comme aspirées vers une instance supérieure. Diversité des
supports et des techniques donc, mais aussi des époques et de l’origine
géographique des artistes : en 2009, la Galerie Christophe Gaillard vous
réserve des découvertes et des redécouvertes éclectiques.