Quand on ouvre la porte sur la rue, le vent s’engouffre et les sculptures légères, flottantes volètent. Sont-ce des sculptures, ces suspensions, ces formes caoutchouteuses attachées à des grilles effilochées ? Ou bien des tableaux verticaux, des cartes peut-être, un paysage sans doute, où l’on va retrouver des géographies, des contours, et aussi des personnages, peut-être des lettres, des signes ?
Les
Paysages fantômes de l’Israélienne
Penny Hes Yassour sont des filets de camouflage, un ‘paysage’ en effet assez commun dans son pays (voir ci-contre un des
Miradors de
Taysir Batniji, encore pour quelques jours à l’
IMA). Mais le
camouflage ne sert pas qu’à protéger, il est aussi utile pour dissimuler, pour travestir, pour induire l’incertitude, pour travestir la réalité. Penny Hes Yassour, sous des dehors poétiques, nous parlerait-elle d’éthique, de morale, de politique en somme ?
En tout cas, entrer dans les différentes profondeurs de l’installation, si on l’ose, marcher au milieu de ces sculptures-dessins, les écarter de la main pour se frayer un chemin, les faire frémir au passage de nos corps, tout cela procure des sensations qu’on expérimente rarement face à des sculptures. Et la projection des ombres sur le mur crée à son tour des formes tout autant fantasmagoriques, comme un prolongement du motif hors de l’espace confiné de l’installation. C’est jusqu’au 22 décembre à la galerie
Éric Dupont.
Juste à côté, il ne faut pas manquer, chez
Claudine Papillon (jusqu’au 23 décembre) les dessins à la découpe de
Frédéric Lecomte, et surtout cette merveilleuse machine où des archets surgissent de fentes profondes et viennent frotter des verres en cristal plus ou moins remplis d’eau, produisant lentement une musique céleste (
La part de vos mesures); c’est angélique et sensuel à souhait.
Photos Hes Yassour et Lecomte courtoisie des galeries respectives. Taysir Batniji étant représenté par l’ADAGP, la photo de son oeuvre sera retirée du blog fin décembre.