Hélas, comme le dit le proverbe romain, Arx tarpeia Capitoli proxima (la Roche tarpéienne - le lieu des exécutions - est proche du Capitole). La gauche italienne est au pouvoir, mais dans quel état ! Après dix-sept mois à la tête du gouvernement, Romano Prodi est certes le président tout neuf du PD, mais il est surtout un président du conseil usé jusqu'à la corde, dont chacun prédit la chute. Jeudi 25 octobre, lors de l'examen du projet de budget au Sénat, son gouvernement a été mis en minorité à sept reprises. Sa faiblesse initiale, qui était d'avoir une majorité de seulement deux sièges à la Chambre haute, s'est donc manifestée de façon répétée, sur des amendements à vrai dire mineurs.
Le problème est que les défections sont venues du sein même de son gouvernement. Les amis d'Antonio Di Pietro, ancien magistrat vedette de l'anticorruption devenu ministre des infrastructures, ont notamment empêché la dissolution de la société chargée du projet de pont sur le détroit de Messine, une création de Silvio Berlusconi. D'autres ministres en exercice et chefs de partis de la majorité évoquent déjà les scénarios de l'après-Prodi. A tel point que ce dernier a dû convoquer la presse pour exiger que ses ministres respectent le pacte passé devant les électeurs.
Le gouvernement Prodi a pourtant réussi quelques réformes, et c'est ce que lui reprochent ses alliés. L'extrême gauche n'a pas digéré que la loi relevant l'âge de la retraite ait été négociée puis soumise par les syndicats à un référendum : 5 millions de votants, 81 % de oui. Le 20 octobre, des membres en vue de partis de la coalition ont participé à une manifestation de quelque 200 000 personnes "contre la précarité". La gauche italienne est donc à la fois dans la rue et au gouvernement. Cette contradiction ne peut pas échapper aux électeurs. Elle est exploitée à fond par le chef de l'opposition de droite, Silvio Berlusconi.