crédit photo: The U.S. National
Moi qui n’aime pas le changement, je passe ma vie à apprendre de nouveaux métiers. Après le blogging qui occupe désormais une partie de mon temps, voici la réalisation d’émissions pour décideurs TV. Pourquoi ne pas faire comme pour ce blog, décortiquer ce nouvel apprentissage ?
Être en face de plusieurs caméras est stressant, d’autant plus que c’est un direct (le film est monté mais non coupé) différé. Ce qui élimine le stress, c’est de préparer (et aussi l’habitude). Il me faut une très grosse préparation pour me sentir bien.
Pour préparer il faut se donner du temps, et une technique. Pour avoir ce temps j’ai supprimé mon activité d’animation de clubs des anciens de l’INSEAD, et j’ai espacé les sessions d’enregistrement. Quant à la technique, elle s’est construite. Initialement, je me contentais d’un entretien téléphonique avec l’invité pour identifier le sujet de l'émission et le type de questions que j’allais poser. J’étais inquiet de lui faire perdre son temps. Dorénavant, je rédige avec lui un texte d’une page et demi (ce qui correspond à la durée de l’enregistrement). Curieusement, je ne pose pas tout à fait les questions que j’avais prévues, l’invité sort lui aussi du cadre, nous faisons mêmes des découvertes pendant l’entretien, mais l’échange semble fonctionner. Improviser demande une grosse préparation.
Grâce à Thomas Blard, jeune vieux routier de la télé, j’ai appris qu’il fallait que la conversation soit rapide, spontanée, imprévue, si l’on veut que celui qui la regarde ne se lasse pas. Nouvelle difficulté : ma technique d’animation de conférence visait jusque-là à m’effacer derrière mon ou mes invités. Je dois maintenant être beaucoup plus agressif. Pas naturel.
Le plus dur certainement est que je ne peux pas me supporter en images. Pour éviter mon jugement, je me suis toujours vu au travers du regard des autres. Il me semble que pour vivre en société, il faut occuper un rôle qu’elle est prête à accepter. Dans mon cas, mais c’est probablement général, ce rôle n’est pas celui que j’aurais voulu jouer. Je n’aime pas ce que les gens semblent apprécier en moi. Mais il ne faut pas être trop exigeant : trouver une place en société est compliqué, sa nature est secondaire. La difficulté est donc de faire ce que l’on désire (en ce qui me concerne : résoudre des problèmes d’organisation), avec l’image que l’on projette. Beaucoup d’acteurs doivent être dans mon cas, ils rêvaient de rôles de jeunes premiers, ils sont devenus des comiques, mais ils jouent, et c’est ce qui comptait vraiment pour eux.
Dernier problème : regarder la caméra pour s’adresser au spectateur. Totalement contrintuitif.