Un peu plus de six mois après avoir évité de justesse une commission d’enquête et après avoir accueilli un nouveau président, la Caisse de dépôt s’est à nouveau retrouvée dans l’actualité la semaine dernière à la suite de la publication dans le journal La Presse d’un texte de Denis Lessard. La raison ? Toujours la même, des mauvais rendements.
Le scénario est à peu près le même que celui qui avait enflammé la presse financière en novembre dernier et qui avait amené l’ex-président Henri-Paul Rousseau a témoigné devant le Comité des finances de l’Assemblée nationale. D’abord, une fuite de la part d’un déposant vers le journaliste l’informant des résultats connus seulement des clients de la caisse. Puis, une suite de déclarations quelques peu confuses et comportant certaines contradictions de la part de la caisse et de son patron ultime, le ministre des Finances, Raymond Bachand.
Il semble donc que la Caisse réalisera cette année un rendement de 5 à 6 %, alors que ses pairs feront plutôt du 11-12 %. C’est qu’à la Caisse, on aurait raté la remontée de la bourse. On se souviendra que toutes les bourses ont touché un creux le 9 mars, mais qu’elles ont rebondi de plus de 50 % depuis ce jour. Le ministre Bachand se dit d’accord que les rendements de la Caisse seront plus faibles que ceux des autres grandes caisse de retraite, et avec la cause énoncée.
Mais la Caisse de dépôt rétorque et dit ne pas avoir raté la remontée de la bourse. Le porte-parole de l’institution, Maxime Chagnon, a expliqué au journaliste Sylvain Larocque de La Presse Canadienne que la pondération de la Caisse en actions atteignait 34 % à la fin de septembre, contre 22 % à la fin de l’année 2008.
Malheureusement, cette explication est un peu trop simpliste. Si la Caisse a acheté massivement des actions seulement en septembre, elle a quand même raté en grande partie la remontée. Pour savoir si c’est le cas, il faudrait consulter le journal des transactions de la Caisse. Sachant comment hermétique la Caisse a toujours été quant aux communications relativement à ses placements, on peut oublier ça.
Par ailleurs, les circonstances prêchent en faveur de ce scénario d’achats d’actions tardifs. D’abord, entre le 31 décembre et le 9 mars la crise financière a atteint son plus haut degré d’intensité. Comme la Caisse était alors dirigée par un président intérimaire à la suite de la maladie de Richard Guay, et que toute l’équipe des gestionnaires du bas de laine des québécois était ébranlée par les résultats catastrophiques de l’année qui venait de se terminer, il serait surprenant que l’on ait décidé à ce moment d’acheter des actions.
Puis Michael Sabia s’est amené en avril dans la controverse la plus totale. Il serait étonnant que lui qui n’avait jamais géré auparavant un gestionnaire de portefeuilles aurait incité les portefeuillistes à acheter des actions dès son arrivée. La thèse voulant que la Caisse ait raté une partie de la remontée des bourses me semble très plausible dans ces circonstances.