Magazine Dom-Tom

Maladies et soins à Tahiti

Publié le 18 novembre 2009 par Argoul

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Une nouvelle stratégie pour vaincre les maladies : au début de mon séjour, il y avait tous les samedis matins un rendez-vous avec « des gourous » sur la côte est où l’on maintenait les « possédés » sous une cascade en récitant des prières … Il y a du nouveau, je me fais expliquer. Cette personne a une polyarthrite rhumatoïde handicapante depuis 15 ans, une déformation des membres inférieurs, des ulcères aux jambes. Elle reçoit un traitement lourd tous les mois à l’hôpital. Ses « nouvelles amies » lui conseillent de refuser le traitement médical mais de conserver la pension d’invalidité ainsi que les aides diverses qu’elle perçoit. Elle doit porter des pierres bénéfiques, dire des prières, nettoyer ses chakras, prendre du ginseng… je n’ai pas tout retenu ! Elle n’aura plus besoin de ses chaussures orthopédiques d’ici peu puisque ses pieds vont reprendre leur position naturelle, etc. – Alors tu ne bénéficieras  plus de ta pension d’invalidité puisque tu vas gambader comme un cabri ? – Ah ! si, on me la doit ! – Mais puisque tu vas courir, reprendre tes activités comme avant ta maladie. – Je ne le dirai pas ! – Qui t’a raconté ces sornettes ? – Silence. - Il ne manquerait plus qu’elle mette un fœtus de lama sous son fare et autre… Sa plante porte-bonheur a fleuri, elle a émis un vœu. Elle n’a pas demandé à recevoir sa paire de chaussures orthopédiques annuelle. Les Polynésiens sont très crédules et les sectes ont encore de beaux jours devant elles.

Atrésie des voies biliaires : début octobre, un spécialiste des greffes de foie de l’hôpital de la Timone à Marseille est venu en mission de consultation à Tahiti. Les Polynésiens seraient 7 à 8 fois plus touchés que le reste du monde. D’origine inconnue, l’AVB est caractérisée par une obstruction des voies biliaires survenant chez de très jeunes enfants en période périnatale. Elle est cause d’une inflammation des canaux biliaires hépatiques avec une sclérose conduisant au rétrécissement. Non traitée, l’atrésie conduit à la cirrhose biliaire et au décès de l’enfant dès les premières années de vie. En France, il y a 40 cas par an pour 60 millions d’habitants ; en Polynésie française 3 à 4 cas par an pour 260 000 habitants (pour être au niveau polynésien, les Français devraient avoir 690 cas au lieu de 40). Chaque année, ce spécialiste marseillais vient à Tahiti voir les patients déjà opérés à Marseille et consulter d’autres petits malades qui pourraient l’être.

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Aïe, ouïe, mes bras, mon dos sont douloureux, mais les haies, les arbustes ont été taillés, les feuilles ramassées, le gazon coupé, le jardin de V. est magnifique. Cela m’a pris toute une semaine. Pour récompense, le soir, j’étais invitée à me joindre aux habitants de la vallée d’Afeu pour assister aux conférences bibliques données par un « frère » et le pasteur de l’église adventiste. L’entrée en matière se fait par des chants en tahitien et en français, puis des projections sur écran, 2 ou 3 questions, les réponses des « frères et sœurs ». Tous les propos en français sont traduits simultanément en tahitien par le pasteur. Prosélytisme… Les églises ici sont omniprésentes dans la vie de tous les jours, dans la vie politique, dans la vie tout court. Je demeure ébahie. Tous les matins, V. va porter le résumé de la causerie de la veille à ceux qui ne se sont pas déplacés. Du lundi au mercredi, les écoutants étaient chaque jour un peu plus nombreux. Le jeudi, c’était full ! Rien n’avait été annoncé mais ce jeudi les adventistes offraient un petit « cocktail ». Aucune annonce mais chacun savait que les adventistes offrent toujours du ma’a à la fin de leurs causeries bibliques. Les enfants avaient été envoyés pour ramener du ma’a au fare. Ici, pas de canapés, mais une double tartine remplie de nourriture, du ma’a qui « bourre » bien, qui tient au corps. Deux gâteaux gigantesques avaient été coupés en petits carrés. les enfants entassaient 7 ou 8 et plus encore de morceaux dans  leur assiette. Puis la glacière  taille familiale, de salade de fruits fit son entrée, servie à la louche dans des gobelets en plastique… Un gamin tenait un bac à glace et réclamait 7 louches. Ils étaient donc 7 à la maison qui attendaient ! En discutant avec mes amis polynésiens, j’apprends que cet engouement pour le ma’a et ses proportions gargantuesques n’existent que depuis une trentaine d’années. Les Polynésiens ont découvert alors une autre nourriture, importée. Je suis allée de surprise en surprise lors de ma semaine à papeari.



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