Bonne idée que de lancer le professeur Mortimer dans une nouvelle enquête archéologique comme au temps de la Grande Pyramide. Sur les traces de Judas en plus (Cette année entre le Crumb et le Blake et Mortimer on peut dire que la culture biblique est à l'honneur). Et puis la Grèce est un beau cadre, Van Hamme semble d'ailleurs y avoir passé d'excellentes vacances. Il s'y est laissé gagner par une douce torpeur méditerranéenne. Comme il a un peu trop pris le soleil, ébloui, il a négligé de cacher ses ressorts scénaristiques. Si la trame générale se parcourt sans déplaisir, les ficelles sont bien épaisses et chaque péripéties se termine par un nœud qui a du mal a passer tant il est enduit d'invraisemblable ou de carnavalesque... Oh ! Un chien tombe dans un trou (Muff ? C'est toi ?) ! Oh ! Un éclair arrête les bandits ! Tiens Olrik se prend les pieds dans sa robe. Mince, des moutons... Le plus discutable reste cette scène où l'on voit des Grecs jouer aux cartes attablés dehors en plein soleil plutôt que de rester tranquillement à l'intérieur. Van Hamme singe à nouveau Jacobs sans jamais comprendre le soin du détail
Sur le plan du graphisme, feu René Sterne fait ce qu'il peut pour se couler dans le moule Blake et Mortimer, en ratant souvent le découpage, mais en réussissant certaines audaces qui donnent un peu de légèreté et d'humour à une pesante mécanique narrative. Après le décès du dessinateur (planche 29), c'est sa femme, Chantal de Spiegeleer, dessinatrice également, qui prend le relai honorablement, même si on sent que l'académisme exigée la maltraite quelque peu. Je déplore tout de même leur vision d'Olrik : La némésis de Blake et Mortimer a troqué son élégance naturelle pour des manières affectées de vieille tante, c'est presque impardonnable.
Ci-contre le professeur Mortimer se révèle encore plus fort que Mountazer al-Zaïdi pour le lancer de pantoufle.
P.S. : On me rappelle avec justesse que c'est Aubin Frechon qui travaille actuellement sur le tome 2 des Deniers. Voilà qui tombe bien, car nous avons justement en magasin un Tohu Bohu dessiné par Aubin Frechon... Sur la neige, scénario de Wazem. 6€.