Emily Chang et l’affaire Oba-Mao : exportation de réputation et contre- »harmonie »

Publié le 17 novembre 2009 par Lilzeon

Citoyens !

Emily Chang, une journaliste de CNN, a passé 2 heures en garde-à-vue à Shanghaï pour un T-shirt. T-shirt bien sûr très particulier car il montre le président Barack Obama déguisé comme Mao Zedong


source: AFP/FREDERIC J. BROWN

Il est intéressant de voir à quel point la Chine essaie par tous les moyens de contrôler à l’intérieur de ses frontières une histoire officielle. Les Chinois appellent ça l’harmonie. Eclairage grâce à Leila Choukroune et Antoine Garapon :

« l’idée d’une « société d’harmonie socialiste » vient aujourd’hui éclairer la réforme juridique chinoise d’une étrange lumière aux reflets visiblement plus marxistes que confucéens. Ce cadre théorique fait du droit un principe disciplinaire destiné à la construction morale de la société. Si le droit est perçu comme un instrument de légitimation du pouvoir, son usage reste donc implicitement encadré par un impératif premier, la pérennité du régime. Bien que les citoyens ordinaires soient de plus en plus nombreux à se saisir des outils normatifs qui leur sont désormais offerts, le Parti-État, trop inquiet de se laisser déborder, cherche à détruire les ferments démocratiques présents dans ses propres créations ».

L’harmonie, dans ce cas de figure, sert donc le régime afin de définir ce qui est bien ou mal, quel artefact est acceptable ou non. L’harmonie étant une dynamique à l’intérieur des flux sociaux, il s’agit donc de cadenasser bien plutôt les esprits par un armada certes normatif mais pas seulement légal.

Une telle attitude est-elle crédible en tant que stratégie d’influence dans un monde internetisé ?

Pas sûr, quand des éléments hors corps social chinois tenu par le gouvernement s’immisce et perturbe l’ »harmonie ». Quand des communautés chinoises basées à l’étranger arrivent à créer des ponts et à casser la mécanique d’ « harmonie » censée faire taire de façon naturelle la contestation.

Ce qui importe dans ce cas, ce n’est pas de constater que la pression médiatique a permis à des Français ou à des Américains d’être au courant d’une nouvelle atteinte à certaines libertés évidentes. C’est bien de prendre ce cas comme une érosion du joug d’un gouvernement sur ses gouvernés.

Je laisse le mot de la fin à Emily Chang elle-même qui résume bien certaines conséquences sur son blog :

« It was worth it. The shirt got attention on the air and sparked buzz online. In fact, some members of the White House pool and a few colleagues in Atlanta actually tried to bribe me for it. »