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Ce livre est en fait le recueil des actes d'un colloque qui s'est tenu du 18 au 21 avril 2007 à l'Université de Genève et qui était organisé par les facultés de lettres, de médecine et de droit (ici). A partir du cas de François Naville, les participants au colloque se sont penchés sur les problèmes qui se posent aux humanitaires et aux experts médicaux quand ils se trouvent confrontés à des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
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En 1946, François Naville avait été "mis en cause devant le Grand Conseil genevois par le communiste Jean Vincent", lequel, à la tête de la plus forte représentation de cette assemblée, demandait rien de moins que son exclusion de l'Université de Genève. Grâce au soutien du directeur libéral de l'Instruction publique genevoise de l'époque, Albert Picot, qui avait salué sa probité et sa "mission positive" effectuée à Katyn, François Naville avait fini par être laissé tranquille par la gauche genevoise. Entre-temps le Procès de Nüremberg s'était terminé sans que le massacre de Katyn ne soit attribué aux Nazis, au grand dépit des Soviétiques...qui l'avaient ajouté pourtant à l'acte d'accusation.
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Comme je le disais dans ma recension du livre de Stéphane Courtois, intitulé "Communisme et totalitarisme" il est un tabou qu'il est encore difficile d'enfreindre aujourd'hui. Interdiction est en effet toujours faite de comparer nazisme et communisme. C'est sans doute pourquoi la diffusion du film de Wajda est demeurée confidentielle en France, inexistante en Suisse, si elle a été un grand succès en Pologne. En effet le film n'est sorti en France que dans une quinzaine de salles en avril dernier, pendant un court laps de temps, qui ne m'a pas permis d'aller le voir. Hormis hier soir, il n'est pas du tout sorti en Suisse...
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A un autre moment les Allemands accusent les Russes d'avoir commis le massacre. Ils soulignent que la méthode employée pour les exterminer - les prisonniers entravés reçoivent une balle dans la nuque - est caractérique du NKVD. Après que les troupes russes, quelques mois plus tard, ont repris la région de Smolensk, où se trouve la forêt de Katyn, une commission d'enquête russe cette fois est constituée de personnalités, uniquement russes, qui concluent, comme il se doit, que le massacre a été commis... par les Allemands et que la méthode employée est caractéristique de la Gestapo... Deux régimes criminels qui s'accusent mutuellement : ce n'est pas moi c'est lui. Sauf que, cette fois, l'un, le communiste, mentait, de manière éhontée, et l'autre, le nazi, pas... pour une fois.
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Le capitaine Andrzej, qui a un haut sens du devoir et de sa dignité d'officier, va finir ses jours dans une des fosses de Katyn et son père, professeur à l'université de Cracovie, dans un camp nazi. Sa femme, Anna, ne croira qu'il est mort à Katyn que lorsque la preuve lui en sera apportée plusieurs années plus tard sous la forme d'un agenda, où le supplicié a tout noté, jusqu'à son dernier jour, avant les pages blanches.
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Le général est mort avant tous ses hommes, dans une sordide pièce, où son sang répandu sur le sol a été évacué, partiellement, à grandes giclées de seau d'eau. Puis il a été jeté, comme les autres, dans une des fosses de la forêt de Katyn. Sa femme, Roza, est d'une grande dignité. Elle aussi regimbe contre "la vérité" de la "démocratie populaire" polonaise, à la remorque de la russe, qui attribue son forfait à l'Allemagne, vaincue et flétrie, alors que ses crimes sont blanchis par son statut de vainqueur.
A la fin du film, quand le générique est apparu sur l'écran, j'ai ressenti que je venais de vivre un moment exceptionnel, sans doute dû aux images que seul un grand artiste est capable de nous offrir. Un débat devait suivre la projection, un coquetel devait se tenir encore après. Cependant je ne suis pas resté, parce que je devais retourner à Lausanne bien sûr, mais aussi parce que j'avais le besoin impérieux de conserver en moi, pendant quelque temps du moins, l'émotion qui m'avait gagné, de méditer sur le sort de ces milliers de victimes polonaises, oubliées parmi des millions d'autres victimes, que les totalitarismes du XXe siècle auront sacrifié sur l'autel de leurs idéologies funestes.
Francis Richard
Extraits du film publiés sur Daily Motion :
Nous en sommes au
483e jour de privation de liberté pour Max Göldi et Rachid Hamdani, les deux otages suisses en Libye