Burqa, videosurveillance… la democratie de la videotransparence

Libertés. Contraintes. La société tisse sous nos yeux distraits des liens subtils. Parfois périlleux.

Ne pas être vues ! Faut-il interdire le port de la burqa sur la voie publique ? La mission parlementaire d’information « sur la pratique du voile intégral » tente d’éclairer ce sujet sensible et passionnel en sollicitant avis de sociologues, juristes, associations, dans le but de préparer une loi qu’on nous dit nécessaire. Oui mais, observe un professeur de droit… interdire le port de la burqa dans la rue risque de porter atteinte à trois libertés fondamentales inscrites dans notre droit : la liberté de religion, la liberté d’opinion et la liberté d’aller et de venir. Elle risque même de créer un nouveau droit d’ingérence dans l’apparence et la tenue vestimentaire de chaque citoyen. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin et ne pas interdire le catogand des quinquagénaires grisonnants, les piercings « gothiques », ou imposer une tenue réglementaire (et laïque !) dans la rue ?… En voulant se soustraire à la vue, ne pas être vues dans la rue, les adeptes de la burqa se sont retrouvées dans une visibilité spectaculaire ! Les risques de la surexposition.

Etre vus en permanence ! Dans le même temps, le gouvernement annonce sa volonté de développer la vidéosurveillance afin de lutter contre la délinquance dans les rues et les lieux publics …

En acceptant d’être vu, filmé en permanence, au nom de la sécurité, le brave citoyen qui ne veut pas… voir la burqa dans la rue s’expose à être vu par les pouvoirs publics comme une potentielle victime ou un délinquant en puissance… A trop facilement accepter la vidéosurveillance ne…voit-on pas que l’on s’expose à perdre un peu de nos libertés ? Surexposition encore.

Prochaine étape ? La société numérique et hyper-policière décrite par Philip K. Dick et le film inspiré de son roman : « Minority Report » ?... VOIR par anticipation les futurs délits et crimes afin de les traiter préventivement en pré-identifiant et incarcérant les futurs coupables…

Au nom de l’immaculée transparence, la société de la vidéosurveillance tisse ses fines cotes de maille numériques et morales. Et nous enserre dans une envahissante étreinte protectrice.

C’est la démocratie de la vidéotransparence.