Sans vouloir imiter ces personnes égoïstes qui préfèrent dorloter un chien ou un chat plutôt que d'élever des enfants ou secourir des malheureux, ne perdez jamais une occasion de bien traiter les animaux. Ne les privez pas de nourriture, ne les faites pas travailler sans relâche, soignez-les s'ils sont malades.
Epargnez-leur toute souffrance inutile. Que ceux qui nous servent et que nous privons de leur liberté ne deviennent jamais vos "souffre-douleur". Que ceux qui doivent disparaître pour nous nourrir ou parce qu'ils sont dangereux ou nuisibles meurent sans souffrir.
Interdisez aux jeunes étourdis de mutiler les mouches, les hannetons, de taquiner stupidement le chien ou le chat, de les frapper par plaisir : ces actes dénotent une cruauté précoce.
Elevez-vous contre les valets brutaux qui criblent leurs chevaux de coups de fouet, lardent leurs boeufs de coups d'aiguillon, corrigent leurs chiens à coup de pied : leur attitude est lâche et odieuse.
Condamnez l'ignorance farouche des paysans qui crucifient les chouettes "parce qu'elles portent malheur"" et éventrent les crapauds "parce qu'ils sont venimeux". Méprisez les goûts barbares de ceux qui prennent un plaisir malsain à mettre des oiseaux en cage, à voir des courses de taureaux ou des combats de coqs.
N'hésitez pas à faire appliquer la loi Grammont qui punit d'amende et même d'emprisonnement "ceux qui exercent publiquement et abusivement des mauvais traitements envers les animaux". Devenez membres de la Société Protectrice des Animaux. Créez dans votre école une Société protectrice des petits oiseaux pour mettre en fuite les dénicheurs...
Exercez votre bonté envers les animaux, car le vieux proverbe dit vrai : "Bon pour les bêtes, bon pour les gens."
La morale de l'enfant - 1948