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Paradis fiscaux, le bouc-émissaire pratique

Publié le 17 novembre 2009 par Lheretique

Je vais encore pousser un coup de gueule à rebours de la doxa ambiante, mais il y a des facilités qui m'exaspèrent vraiment trop ; la classe politique mondiale a trouvé le moyen idéal de détourner des regards les véritables causes de la crise financière : les paradis fiscaux sont des bouc-émissaires idéaux. On les accuse de tous les maux. Dans le même temps, on se préoccupe des bonus des uns et des autres, alors que les véritables questions de fond, ce sont les normes comptables et la régulation des fonds propres des banques. Mais évidemment, comme c'est abscons et que cela ne parle pas à l'électeur, nul n'en dit mot à part quelques esprits lucides.

Or, dans ce domaine, le G20 n'a strictement rien apporté : aucune avancée, et d'ailleurs, les USA n'en veulent pas. Pointer les petits pays que sont le Luxembourg ou les îles Caymans, c'est très pratique ; cela évite d'avoir à faire le ménage chez soi.

La volonté de faire payer une taxe aux banques est idiote et montre bien l'inanité et la bêtise (l'ignorance ?) crasse de la classe politique. Le terme même de "taxe" est démagogique et renvoie à la vulgate socialiste. Il eût été bien plus censé de réclamer aux banques françaises de payer des assurances en fonction du niveau de risque pris : la prime de l'assurance augmenterait alors selon le niveau du risque. Évidemment, cela suppose un organisme de contrôle indépendant (pourquoi pas la Banque Centrale Européenne ?) et que les États acceptent de lui déléguer certaines prérogatives (ça, c'est pas demain la veille).

A vrai dire, pendant qu'on jase sur les vilains banquiers, on en oublie les effets kisscool du Grand Emprunt, en France. Mais il se trouve (attention, je vais prononcer un très très gros mot) que quelques libéraux veillent au grain, et au bon : il n'a pas échappé à l'ami hashtable ce qui pend au nez de nos finances. On le sait, Sarkozy a voulu donner un caractère "populaire" à son grand emprunt : ce caractère à un coût, les taux d'intérêt vont en être nettement plus élevés, contribuant à dégrader significativement notre endettement et notre capacité à faire face à la charge de la dette. Or, cela commence à inquiéter sérieusement les agences qui nous attribuent notre note de confiance. Jusqu'ici, la France était l'un des quatre seuls pays à disposer d'une note AAA, assurant ainsi de bénéficier de liquidités sur les marchés aux taux les plus intéressants. Or, compte-tenu de la dérive vertigineuse de nos finances publiques, il est fortement question, chez quelques unes des agences de notation, de dégrader notre note de solvabilité. Dans un tel cas de figure, nos emprunts deviendraient bien plus coûteux, car les taux demandés seraient bien plus élevés. Pour emprunter la même somme, il faudrait alors payer plus sur le budget de l'État, donc, par suite, réduire les autres postes budgétaires.

Voilà où nous en sommes, et c'est très grave. En fait, on n'aborde aucune question de fond, préférant l'écume de l'actualité nous bercer de rêves rédempteurs.

Je me serais attendu à ce que le MoDem, François Bayrou, habitués pourtant à dévoiler la vérité derrière les apparences, tirent la sonette d'alarme. Au lieu de cela, je n'ai entendu que les platitudes et les billevisées qui sont le plat de résistance de toute la classe politique. J'avoue que cela m'agace assez fortement, parce que j'attends le courage de dire la vérité aux Français de la part du MoDem et de ses responsables politiques. Sur la dette, je leur donne quitus, mais sur les banques, ils ne gagnent à mon avis strictement rien à vouloir glapir et bêler plus fort que la gauche.


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