Faut-il interdire la fessée ?

Publié le 16 novembre 2009 par Philippejandrok

Nous devons admettre que les parents depuis l’après seconde guerre mondiale ont fait d’énormes progrès sur la question de l’éducation des enfants, et c’est bien pour cette raison que nous avons appelé et que nous appelons cette seconde période, celle de « l’enfant roi ».

Un enfant qui a tous les droits parce qu’il est aimé, parce qu’il n’est plus un bras pour permettre à la famille de survivre, parce qu’il n’est plus mis à la rue pour racoler, ni à la mine pour travailler, ni vendu pour assouvir le plaisir pervers d’adultes malades et criminels (en Occident seulement).

Aujourd’hui, le simple fait d’évoquer ce souvenir provoque l’horreur des parents aimants qui veulent le meilleur pour leurs enfants. D’ailleurs, on n’a jamais vu depuis la seconde moitié du XXe siècle autant de magasins de jouets, autant de jouets, le jouet est une industrie florissante à tous les âges de l’enfance et nos enfants ont dans leur chambre à coucher autant de jouets que dans une succursale de supermarché, car il faut bien qu’ils s’amusent, ils sont enfants, n’est-ce pas ?

Il n’y a jamais eu autant de pédo-psychiatres, de pédiatres, de psy en tout genre spécialisés dans l’enfance, également. Des éditeurs spécialisés, des auteurs, dans le domaine de l’alimentation avec des produits ayant pour cible exclusive les enfants, enfin, tout un panel de profession, d’objets et de produits de consommation courante…

Mais cet amour de l’enfant provoque également des dérives sociales, car « l’enfant-roi » a tous les droits, du moins, c’est ce que nous, parents, avons bien voulu leur faire croire et il devient un véritable petit tyran. Nous sommes également dans l’ère de la dictature de l’enfant.

Mais l’enfant est un adulte en miniature qui sait comment prendre son parent, c’est un pervers qui le manipule en permanence. Quel parent n’est pas au moins une fois tombé dans le piège tendu par l’enfant, qui va chez l’un pour contredire ce que l’autre à imposé, brisant d’emblée toute autorité des parents et poussant l’enfant à grandir sans parents, alors qu’il est entouré ?

L’enfant souffre également d’un problème d’éducation et de société.

En Asie, l’enfant voue une admiration sans bornes à ses parents, admiration réciproque pleine de respect mutuel, en Turquie également, mais si l’enfant est roi, il sait quand il doit s’arrêter.

En France, en Italie, la relation enfant-parent est différente, l’enfant ne connaît plus ses limites. En Angleterre c’est encore pire, la pauvreté le chômage livrent les enfants à eux-mêmes et on ne compte plus les adolescentes enceintes et les relations sexuelles précoces. Aux USA, n’en parlons pas, les dérives de la misère et de la richesse ont fait des enfants arrogants qui ne suivent qu’un seul modèle le Dieu Dollar, tout leur est pardonné s’ils deviennent les symboles de la réussite sociale. Le cinéma est particulièrement friand des comportements des enfants et des ados, et ces représentations ne sont pas que des fictions.

Tout est donc permis à l’enfant, il n’a pas de sanction, puisque les parents ne s’accordent pas. La sanction peut–être multiple, une punition, une privation, une fessée ?

Le problème est que donner une fessée, c’est montrer sa façon d’aimer, c’est traduire son angoisse par la violence subite, instantanée et pas forcément préméditée. Cette fessée n’a rien à voir avec la violence d’un parent qui se délecte à frapper son enfant à lui faire subir des châtiments corporels au quotidien, et je crois que le Docteur Antier malgré son expérience de terrain, mélange aujourd’hui un peu les choses. en souhaitant déposer un projet de Loi contre la fessée Comme me disait un ami :

- Un bon coup de pied au cul n’a jamais fait de mal à personne…

Et il est vrai que je ne connais personne qui ait été traumatisé par une fessée, ou un coup de pied au cul !

En revanche, je connais nombre d’amis(es) qui ont subit des sévices psychologiques dramatiques de la part de leurs parents, des sévices qui sont invisibles en surface mais pas à l’intérieur. J’ai moi-même subi des perversions de ce genre, non pas par mes parents, que Dieu les garde, mais par un autre membre de ma famille proche, un monstre d’égoïsme qui a toujours souhaité ma mort et qui faisait de moi son terrain d’expérimentation à la torture psychologique ; et je puis vous assurer que c’est bien plus marquant qu’une baffe ou un simple coups de pied dans le derrière. Pourtant, cela ne se voit pas, pas d’empreinte de main sur la gueule ou sur la cuisse, cette torture-là vous la gardez en vous toute votre vie et contre celle-là, y-a-til un projet de loi de la part d'un pédiatre, d'un psychiatre ou de je ne sais qui ?

Alors, lorsque j’entends Madame Edwige Antier député UMP et médecin-pédiatre, une femme véritablement formidable, qui se propose de déposer une proposition de Loi visant à interdire la fessée, je lève les yeux au ciel en me demandant si elle n’a pas autre chose de plus important à faire que de s’occuper d’interdire la fessée dans les foyers, comme si les parents passaient leur temps à frapper leurs gosses, enfin, j’admets que certains y prennent un malin plaisir, mais qu’ils ne sont pas une majorité. Qu’elle s’occupe plutôt des pervers de parents qui détruisent la vie de leurs gosses. Je me souviens de ce que disait Bruno Bettelheim :

- Lorsque l’on m’amène un enfant prétendu souffrant, je veux voir les parents, et le plus souvent, l’enfant va très bien, mais je ne peux pas dire aux parents qu’ils sont malades…

Cette interdiction de la fessée est venue d’un médecin Danois qui a cru faire le malin en faisant voter cette loi chez lui. Pourtant, un ami suédois, professeur de faculté, non violent, m’a dit un jour :

- Cette connerie de ne pas donner de raclées aux enfants, tu parles, les Suédois en sont revenus et je puis t’assurer que dès que la porte de leur maison se ferme, ils font ce qu’ils veulent, et les raclées, elles tombent quand elles sont méritées… malgré la loi.

Madame Edwige Antier a raison, donnons encore plus de pouvoir aux enfants, on voit déjà comment ils se comportent à l’école avec leurs camarades et avec leurs enseignants et ce n’est pas nécessairement parce qu’ils ont pris une fessée à la maison, sinon, tous les petits voyous des cités et d’ailleurs seraient de pauvres victimes de la fessée ?

Et puis, ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ?

Devrais-je rappeler le nombre d’affaire comme celle décrite dans le film « les risques du métier » d’André Cayatte (1967) avec Jacques Brel dans le rôle de l’enseignant accusé à tors par trois de ses élèves d’attouchement. Fabulations de jeune filles dans ce cas, en mal d’amour et de sensation, car il est vrai que les ados adorent se payer la tête d’un prof ou d’un surveillant, c’est une victoire puérile qui arrive trop fréquemment encore aujourd'hui.

Au fait, pour éviter ces dérives de la délinquance infantile, n’est-ce pas le président qui voulait faire voter une Loi pour enfermer les mineurs ?

Il faut cesser de croire que les enfants sont des anges innocents, ils ne le sont pas et si la Bible et la Loi sont imposées aux citoyens pour justement leur donner un guide à suivre, il faut également un guide au sein même de la famille pour les enfants.

La psychologie a ses propres limites et dans la nature entre les êtres, il existe véritablement un rapport de force, et ce même rapport s’instaure entre l’enfant et son parent. Combien d’enfants considérés comme « enfant-roi » sont insolents, odieux, violents, agressifs, pourris, gâtés, parce que les parents manquent de fermeté ?

Je prenais l’exemple de la nature, mais lorsqu’un mammifère en bas âge ne respecte pas la loi, il est immédiatement rappelé à l’ordre, et le parent ne perd pas de temps à faire de la psychologie, c’est le seul moyen de préserver le clan et sa survie. Comme disait Françoise Dolto à propos du rapport des mamans avec leurs enfants :

- La mère qui n’a pas souhaité assassiner son enfant au moins une fois est une mauvaise mère.

Pourquoi prétendre ou affirmer pareille chose ? Tout simplement parce que les parents sont humains, fragiles et bouleversés par des sentiments contraires et contradictoires.

D’autres parts, je constate avec beaucoup de naïveté que ceux qui votent des lois sont rarement concernés par le problème en question. Il est facile pour un pédiatre de donner des leçons si lui-même n’élève pas son enfant et le laisse se faire élever par d’autres. Avoir ses enfants le week-end ou 24/24h, c’est autre chose, on a plus de patience lorsqu’on les voit peu, lorsque l’on rentre tard le soir et que les enfants s’endorment une heure après l’arrivée du parent, il est alors tellement simple de déclarer le haro sur la fessée, mais que dit la maman qui passe journée après journée avec son enfant, qui subit ses cris, ses pleurs, ses caprices, ses jérémiades, ses coups de colère injustifiés ? La mère n’a-t-elle pas le droit à des circonstances atténuantes, si un jour elle craque, elle n’en peut plus et donne une fessée à son enfant, une fessée peut-être méritée, est-ce vraiment une mauvaise mère ?

Il est facile de pointer du doigt les mauvais parents, mais n’avons nous pas tous été un mauvais parent une fois au moins ? Nos enfants nous aimeront-ils moins pour autant ?

 Nous vivons une époque formidable…