La position sociale.

Publié le 16 novembre 2009 par Marx
redevenons plus sérieux, à nouveau un texte d'argumentation et d'analyse politique, ce qui est  la vocation principale de ce blog.


                             La classe dominante , minoritaire, a toujours mis en avant sa « position sociale » pour justifier sa domination de classe et la gestion des affaires publiques . Elle se prétend la classe gestionnaire de droit dans un système qui est le sien . Cette tache lui revient naturellement , presque de « droit divin » et le suffrage universel devient tout à fait subsidiaire  dans de nombreux pays. .C’est une permanence de l’idéologie bourgeoise.
                             Les blanquistes et y compris au début du XXième siècle pensaient, eux, que les meilleurs représentants du peuple et de la classe ouvrière, étaient les ouvriers eux mêmes. Jean Alemane et Edouart Vaillant défendaient cette position face au courant marxiste. Sur bien des points les courants « ouvrièristes » furent excessifs mais fortement attachés à défendre la représentation de la base sociale dont ils se réclamaient . Jusqu’à la dérive de quelques uns tel Gustave Hérvé . Ils eurent au moins le mérite d’animer la bataille idéologique face au participationnisme  et au Millerandisme, plus enclins à l’élitisme. Ce débat ne recoupait pas les camps de la réforme et celui de la révolution. Les marxistes rejetaient la position « ouvrièriste » autant que  la « participation » et Gustave Hérvé a connu une fin lamentable dans le nationalisme. Plus tard, les communistes de la période stalinienne sublimerons l’ouvrier de la production en le dissociant du reste des salariés et des fonctions « secondaires et petites bourgeoises ». Ils définissaient l’ouvrier de la production, le producteur comme étant l’archétype du prolétaire, forcément éclairé. Le mineur était le plus représentatif parmi les grands « bataillons » du prolétariat producteur  au sein des grandes forteresses industrielles , et c’est là que l’on trouvait les masses syndiquées .
                                Ce type de débat est permanent pendant près d’un siècle en France et au moins depuis la Commune de Paris . C’est vrai ailleurs en Europe et au sein même de l’Internationale socialiste ouvrière. La social démocratie européenne a ses grands dirigeants ouvriers. En Espagne, c’est un ouvrier qui fonde le PSOE et L’UGT, Pablo Iglesias, son héritier politique Francisco Largo Caballero est un ouvrier, il sera le premier Premier ministre du Front Populaire. C’est lui qui intègre les anarchistes au gouvernement et qui engage le programme le plus avancé et qui dans le même temps fait face à la pression de Staline. Les exemples ne manquent pas dans l’histoire du mouvement ouvrier .
                               Paradoxalement, c’est de nos jours, que la classe ouvrière est le moins bien représentée, numériquement, alors que le salariat n’a jamais été aussi important. La parité a certes permis une meilleure représentation des femmes mais pas celles des couches populaires, plutôt celles des couches aisées et souvent supérieures à celles des hommes. L’ère des quotas ne concerne pas le monde ouvrier, comme si la société était constituée de blancs, noirs, maghrébins, hommes , femmes, aux intérêts antagonistes et ne considérer qu’elles sont les seules différences . Il est de bon ton d ‘essayer de respecter, « autant que faire se peut » ce type de représentation en gommant scrupuleusement tout caractère de classe en éliminant bien sur toute référence à ceux que l’on devrait historiquement représenter. Il n’y a plus d’ouvriers clament ils tous en chœur. Bien sur, ils sont ailleurs, chez eux, là où vous les avez renvoyé. Ils savent pourtant les trouver, à la porte des usines, la veille d’élections pour leur promettre d’être à leur côtés. Cela ne « mange pas de pain » , ils seront quand même licenciés, exploités et rackettés . Ils sont les seuls pour qui rien ne change si ce n’est en pire, eux qui sont à l’origine de tous les grands changements de l’histoire. Ce sont eux qui animent les grands combats sociaux. Quand vient la défaite, c’est eux qui le paieront le plus durement et au moment de la victoire, c’est à eux qu’elle est confisquée.
                              Quand le PS aligne ses élus, on se croirait au résultat d’un concours sur titres et il est de bon ton  d’avoir une « position sociale » et pour certains d’être imposés sur la fortune, cela donne de grandes capacités pour défendre le peuple et la classe ouvrière , parait il. Sans oublier de ratisser large et à cette fin, il faut bien sur des gens comme il faut, le plus modérément socialistes et aux convictions aussi modérées. L’ENA devrait changer de nom et s’intituler Ecole Nationale de la Fonction Electorale, puisqu’on ne cesse de nous répéter que la politique est un métier et de carrière politique. L’homme public, peut on le considérer ainsi pour la femme ?

                            Les ouvriers sont sous tutelle de la bourgeoisie et de la caste qui prétend les représenter. Une caste du métier politique. Sous l’ancien régime le tiers état supportait la noblesse et le clergé, il y a maintenant la caste en plus. Tout dépend de la richesse produite et ceux qui la produisent n’ont rien mais leur travail sert à tout et à tous et ils n’ont que le droit de la fermer . Leur destin est tracé par d’autres et leurs complices qui règlent leur propre question sociale à défaut de la régler à la « républicaine ».
                               L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux mêmes. Mais qui en veut de cette émancipation, pas ceux qui en profitent, ni ceux à qui profite la mise sous tutelle . La politique a horreur du vide et le terrain laissé par la gauche traditionnelle , d’autres veulent le combler  et naturellement des organisations qui se réclament de la classe ouvrière apparaissent. Elles apparaissent parce que d’autres ont choisi d’autres horizons et parfois le camp adverse . Il n’y a rien d’artificiel dans l’arrivée d’un autre Parti à gauche. Cela découle de la logique la plus élémentaire. Non, il n’y pas d’opération de division, ce n’est qu’un retour aux principes quand une réalité sociale n’est pas matérialisée ni reprise en compte, elle s’invite sous différentes formes et l’organisation politique est en matière de représentativité sociale , incontournable . Le lumpen prolétariat aime ça, la position sociale et d’être représenté en fonction de cela. Il a ainsi l’illusion de la partager, il s’y reconnaît et lui donne une certaine contenance afin de  mieux remplir le vide de son esprit . La position sociale tel le Bourgeois  gentilhomme  moderne singeant les riches  et les conseillers des grands groupes capitalistes.
                                 En politique aucun terrain ne reste en jachères  et il vaut toujours mieux la réalité  à la position sociale et la condition à l’apparence. La réalité chacun prétend la connaître, souvent au nom même de la position sociale. Puisque les ouvriers sont rustres, incultes, mineurs et peu intelligent, sinon ils seraient tous patrons ou ingénieurs, ou avocats ou médecins. On se demande bien qui pourrait alors être ouvrier et produire tout ce qui nous entoure et dont on se sert . Qui pourrait bien créer les richesses. Non , il ne lui manque qu’une chose à la classe ouvrière, une petite chose et qui peut surgir à tout moment, la conscience d’être. Une toute petite chose.