Magazine Politique
Ségolène Royal oppose le pass contraception comme symbole de liberté à une jeunesse qui serait menacée par la burqa de Fatima.
Fin septembre 2009, nous avons publié un guide sur 20 techniques de manipulations. Cette publication retrace 20 méthodes extraites d'expériences déjà mises en oeuvre notamment aux Etats-Unis et qui ont fonctionné avec succès. Ce fut l'exemple notamment de Joe le plombier dans les dernières semaines de la présidentielle 2008. Il interpelle Barack Obama sur un projet de taxe qui serait mis en oeuvre en cas d'élection de Barack Obama et annonce au candidat démocrate qu'il ne pourra pas voter pour lui parce que cette taxe compromettrait sa "petite entreprise". McCain vit un débat public entier sur l'exemple de "Joe le plombier". Quelques jours plus tard, après enquête, il devait s'avérer que Joe n'était pas plombier, encore moins responsable d'une TPE menacée par une taxe éventuelle mais ... militant républicain et qu'il avait servi avec loyauté et efficacité un scenario imaginé par l'équipe de McCain.
Nous n'avons jamais pensé que cette publication s'appliquerait aussi rapidement à la vie politique Française.
Or, la France vit actuellement le même "cinéma" avec la burqa de Fatima. Sarkozy vient à la Chapelle en Vercors et il fait de "la burqa de Fatima" la nouvelle grande cause nationale. Il faut défendre Fatima contre tous les symboles de sa burqa.
Qui croisons-nous le plus ?
Vous rencontrez davantage Fatima et sa burqa ou Jéremie et sa recherche du premier emploi ?
Fatima et sa burqa ou Ginette et sa pension retraite qui ne lui permet plus de vivre avec confort ?
Fatima et sa burqa ou Max et son impossibilité de reconversion ?
La liste pourrait être longue.
Alors pourquoi choisir Fatima ? Parce qu'elle incarne une peur qui pourra d'autant mieux être combattue qu'elle est déjà contenue de fait ? Alors que tous les autres sujets sont autant d'échecs déjà avérés ou en cours.
C'est un exemple caricatural de manipulation mais, avec la docilité de médias à l'exemple du Figaro Magazine de cette semaine, même très grosse, la ficelle fonctionne.
La France est entrée dans une démocratie en crise avec un hyper-président qui règne en maître, des ministres qui jouent les seconds violons, des députés qui font figuration. Même si cette situation est grave, il est pourtant probable que la sortie ne soit pas pour demain.
Face à cette évolution, la mesure de Ségolène Royal à destination des lycéennes présente deux mérites majeurs :
- elle rappelle que la politique est faite pour s'occuper des individus et de leurs problèmes quotidiens,
- elle montre que la décentralisation devrait être un espace de liberté pour permettre de voir la comparaison des politiques.
Elle le fait à un moment où la polémique sur sa venue à Dijon semble particulièrement inopportune. Prévue au départ pour être un exemple d'ouverture et de tolérance, l'initiative de Vincent Peillon devient une caricature de division de plus du PS.
La cause serait l'invitation surprise de Ségolène Royal.
Il y aura peut-être un temps pour s'interroger sur une génération PS qui se complait dans le "socialisme hôtelier" avec des féodalités qui offrent avantages, logistiques et clientèles sans avoir à conquérir un pouvoir national qui imposerait une discipline d'un autre temps. Le PS veut-il vraiment de la reconquête nationale ? Il parvient à faire douter de la réponse à cette question.
Pour vous procurer cette publication : Manipulations