Le néophyte devrait se montrer plus indulgent, et surtout plus objectif face aux nouvelles chansons de ce groupe qui, décidément, ne ressemble à aucun autre.
The Mars Volta, c'est toujours la chose de Omar Rodriguez-Lopez aux guitares et à la composition et de son acolyte Cedric Bixler-Zavala au chant et aux textes. On note aussi, dans ce line-up à géométrie variable articulé autour des deux hommes, la présence de l'ex-guitariste des assommants Red Hot Chilli Peppers. Tout pourrait ainsi concourir à de prétentieuses digressions solistes, mais il faut au contraire attendre la dernière piste et le ravageur "Luciforms", pour trouver trace d'un chorus de guitare flamboyant.
Contrairement aux apparences donc, que pourraient en outre suggérer ces titres d'inspiration ésotérique et astrologique ("Copernicus", "Luciforms") et cet univers d'heroic fantasy rêvé un peu pompeux, on ne s'embarasse donc pas d'effets de manche chez The Mars Volta, préférant l'expérimentation à la démonstration, les compos pas si étirées que ça finalement, en dépit d'une durée conséquente, aux divagations concept pourtant chères au groupe.
Tout collectif metal qui se respecte a aussi droit à sa ballade, celle qui divise ! Déjà sortie en single, "Since We've Been Wrong", est en ce qui me concerne parfaite ; la voix de Bixler a d'autres atouts à faire valoir que sa seule tessiture haut perchée ; lui ne souffre pas du syndrome hurleur "me la suis coincée dans le zip": tour à tour plaintive, enfantine, agressive, son organe sert la chanson, l'habite - OK, je sors !
Beaucoup d'ambiances doivent sans doute leur tribut à Led Zeppelin, en particulier sur les déflagrations "Teflon" et "Cotopaxi", mais il serait réducteur de ne mentionner que cette influence, tant le groupe sait brasser large. Entre leurs origines portoricaines, ces références cabalistiques teintées d'occulte - on pense aussi aux riches heures de Jane's Addicton, au lyrisme echevelé de ...Trail Of Dead - les deux hommes forts de The Mars Volta savent aussi créer des climats - ce trait d'union planant entre les chansons -, envoûter leurs auditeurs.
Cet album est sans doute plus varié que les précédents ; d'aucuns lui reprocheront des morceaux plus prévisibles. Octahedron offre cependant de belles réussites : sachant réhausser via un refrain coup de poing un morceau d'apparence convenu ("Desperate Graves"), ou faisant voler en éclats une intro sourde et menaçante par le biais d'effets tremolo, rappelant aussi le Black Sabbath seminal -"Luciforms" encore et toujours !
Et puis Cédric Bixler mérite vraiment, et après Rob Tyner, le titre de monsieur Cheveu de la pop historique moderne ! Rien à voir ? Peut-être, mais il était de mon devoir de le souligner !
En bref : une nouvelle étape dans la discographie foisonnante et passionnante de The Mars Volta. De la technique sans esbroufe, de la durée sans longueurs. Du lyrism
Le site The Mars Volta, le Myspace
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