Cette semaine j’ai écrit un pavé…
On parle beaucoup d’obésité, quand je dit « on », je parle des journalistes, des médias, ces gens qui parlent de choses qu’ils ne connaissent pas, qui stigmatisent l’obèse. Fainéant, lymphatique, gourmand, jovial, bon vivant, tels sont les adjectifs qu’on nous attribue à nous les obèses…
Moi, je distingue deux types d’obésités, non je ne vais pas parlé de morbidité ou de termes effrayants dont nous assènent nos chers médecins: il y a les obèses qui sont nés comme ça, leurs parents sont obèses, leurs frères et sœurs sont obèses, et puis ceux comme moi qui passent d’un 42 à un 54 sans avoir rien vu… ou presque! Les premiers ont une chance d’arriver à assumer je pense, les seconds auront du mal, car cette personne aux épaules larges, aux cuisses énormes, au ventre tombant, ce n’est pas vraiment eux…
Parce que l’obésité, c’est pas seulement bouffer des chips devant la télé, l’obésité à la base c’est de la souffrance, un vide intérieur tellement immense que tu as besoin de le remplir, un manque d’amour, d’amis, de confiance en soi…
« Les français grossissent » titraient les journaux gratuits la semaine dernière, les français seraient-ils de plus en plus seuls? Et oui, ça doit être ça, on est célibataire jusqu’à 30 ans, on divorce à 40 ans, on vit de plus en plus vieux, on communique sur MSN, facebook ou via twitter, seul devant son ordinateur, un coca à la main… On mange de la bouffe pleine de graisse saturée à cause des lobbying des industries agro-alimentaire, on lit ELLE et son dernier article sur les grosses avec Scarlett Johansson en couverture, on regarde la télé le dimanche et on culpabilise d’être gros, d’être obèse.
En fait le problème est là, les medias nous font culpabiliser d’exister, et pourtant nous sommes là, plus nombreux, prenant de la place dans le métro, essayant de rentrer nos fesses dans les sièges au cinéma, achetant des vêtements chez H&M au milieu de pintades au régime, on est là et on a le droit de vivre, où sinon on nous tue, on tue tous ceux qui dérangent et il n’y aura plus que de jeunes minces blancs cadres dynamiques sur Terre.
L’obésité sera-t-elle le mal du 21ème siècle?
J’aimerais tellement ne pas avoir à justifier mon poids, à raconter mes dizaines de régimes plus foireux les uns des autres, j’aimerais ne pas y penser chaque jour en me levant le matin, ne pas avoir ce fardeau à porter chaque jour, et pourtant…
Pourtant c’est comme si j’avais une personne à porter sur mon dos toute la journée, l’été c’est comme si j’avais une combinaison de ski alors qu’il fait 35°C, l’hiver, la graisse de mes cuisses reste gelée et ne se réchauffent pas… Mes genoux me font mal, mon dos aussi, les pieds n’en parlons pas.
L’obésité fait souffrir, le corps bien évidement, mais aussi le morale, qu’on ne me dise pas que l’on vit bien les 3 personnes qui changent de place après s’être assis à côté de nous dans le métro, les blagues sur les grosses à la machine à café, puis les regards de ceux qui se sont rendus compte de la bourde…
Je ne m’apitoie pas sur mon sort, si je suis comme ça c’est de ma faute, aussi… J’aurai dû dire à 4 ans que je me sentais malheureuse, j’aurai dû dire à 8 ans que je me sentais seule, j’aurai dû dire à 12 ans qu’il me manquait quelqu’un, j’aurai dû dire à 15 ans que le regard des hommes me rendaient malade, j’aurai dû dire à 17 ans que manger était une souffrance, mais je n’ai rien dit, j’ai mangé au lieu de parler…
Et puis chaque jour, on se réveille un peu plus grosse, et puis un jour on est obèse, on n’est plus une femme, un homme, on est obèse, comme on est noir, comme on est aveugle, comme on est handicapé, comme on est homosexuel, on est différent avec tout ce que ça comprends.
Des gens peuvent ne pas t’aimer juste parce que tu es obèse, des gens peuvent se moquer de toi, des gens peuvent refuser de te donner un travail… Tu n’es plus toi, avec ton identité, tu es la grosse de la compta, ou bouboule, mais c’est affectueux, promis!
Merci à ceux qui ont lu jusqu’au bout!