Décidément,
on regrette vraiment que le XV de France ait trébuché contre
l'Angleterre en demi-finale de la Coupe du Monde. Car les Boks leur
réussissent tellement depuis 10 ans !
Hier, les
tricolores ont remporté une victoire particulièrement probante,
face aux derniers vainqueurs des Tri-nations. On disait les Boks
émoussés physiquement. Cela c'est - un peu - vu, il faut bien
l'avouer. Mais les hommes de John Smit ne semblaient pas
suffisamment fatigué pour se présenter sur le pré en victime
consentante.
Ces Springboks sont des tueurs de match : ils marquent sur les quelques occasions qui s'offrent à eux et savent récupérer les ballons dès que la situation le permet. Seulement voilà, en face, il y avait quinze (vingt deux en fait) coqs en colère, bien décidés à faire parler leur envie et leur talent.
Ce ne fut pas
l'état de grâce, car les coéquipiers de Thierry Dusautoir ont râté
des occasions (en particulier au pied) d'aggraver la marque, et ils
ont subi en début de rencontre la pression de leurs adversaires.
Mais les bleus ont su résister et inverser la tendance. A tel point
que les Sud-Africains en perdirent leur self-control et leur
discipline, récoltant deux cartons jaunes.
Dans ce sport
où tout commence devant, surtout face à l'Afrique du Sud, on doit
une mention spéciale au pack tricolore: faisant jeu égal avec les
maîtres du monde en touche, ils les ont mis au supplice en mêlée.
L'étincelant Fabien Barcella a montré à John Smit qu'on ne pouvait
s'improviser pilier droit face à un tel monstre. Tendai Mtawarira,
"the beast" qui avait plié Phil Vickery et quelques autres, n'a pas
eu la peau de Nicolas Mas. Et William Servat, puis Dimitri
Szarzewski ont tenu la dragée haute à Bismark Du
Plessis.
Et que dire
des deuxième et troisième lignes ? Que malgré quelques ballons
perdus dans les rucks (ce Brussow, quel poison !), leur
contribution au succès fut primordiale.
Mais il serait injuste de relever seulement quelques noms parmi les joueurs du XV de France. Car ils ont tous contribué à la victoire. On a eu la confirmation que quelque chose était né, et bien né, en Nouvelle-Zélande en juin dernier.
Ce groupe en
a sous la semelle. Il ne peut que progresser. On pense notamment à
la charnière, vraiment convaincante hier soir, aux deux centres,
dont la valeur n'a visiblement pas attendu le nombre des années,
aux ailiers, très ingambes, et à "Traille la mitraille", à l'aise
pour donner quelques chandelles comme pour les
recevoir.
Au terme de ce match splendide, marqué par un essai superbe de Vincent Clerc, les bleus l'emportent donc par une marge appréciable (20-13) dont il n'aurait pas été scandaleux qu'elle fut plus importante. La faute à quelques mauvais choix et des pénalités ratées.
Quel dommage
que cette équipe ne puisse se retrouver plus souvent et plus
longuement pour affiner sa cohésion et ses schémas tactiques. Cela
lui permettrait sans doute de convertir davantage ses
occasions.
Il ne faut pas s'enflammer, car il y a loin des lèvres de la douce Garonne à la Coupe du Monde. On attend donc impatiemment le match contre les All Blacks, qui devrait valoir son pesant d'enseignements sur le potentiel de cette équipe.
Post scriptum :
Peter De Villiers, le coach des Boks, a une fois de plus brillé par son sens de la polémique, en accusant la France de n'avoir pas respecté l'hymne Sud-Africain. Il fut relayé par Matlfield et M. Du Plessis qui ont déclaré que cela aurait provoqué la déconcentration de l'équipe. On regrettera effectivement que le les organisateurs ait fait le choix d'un chanteur ne semblant pas connaître les paroles de cet hymne était plutôt malvenu. Mais on aimerait que les Springboks ne se réfugient pas derrière de tels arguments pour évacuer les vraies raisons de leur défaite...