Ségolène Royal calme le jeu

Publié le 16 novembre 2009 par Hmoreigne

Quand Ségolène Royal fait une descente à Dijon, la moutarde monte au nez de Vincent Peillon. Le député européen ne décolère pas à l’égard de l’ex-candidate socialiste qu’il accuse d’avoir torpillé son rassemblement arc-en-ciel de Dijon. Si l’ancien porte-parole de Ségolène Royal remet le couvert ce matin dans les colonnes de Libération, son ex-championne jouait au même moment l’apaisement sur les ondes de France Inter.

La rupture Royal-Peillon est consommée mais la présidente de région n’entend pas en assumer la responsabilité. Ségolène Royal joue l’étonnée. Elle feint de ne pas comprendre “un déferlement médiatique disproportionné par rapport à un micro événement“. “Je n’ai rien fait de mal, je suis allée visiter les militants qui d’ailleurs ont tous été ravis de me recevoir“. “Les socialistes m’ont souvent reproché de ne pas venir à ces réunions de courants, je suis donc venue à Dijon“.

La victimisation est sa meilleure arme et Ségolène Royal ne se prive pas une nouvelle fois d’en abuser. A ses yeux sa venue à Dijon était normale : “quand les militants me demandent de venir, je viens“.

En gage d’apaisement, la dame du Poitou a salué la qualité des travaux du rassemblement, “très bien organisés par Vincent Peillon“. L’enjeu de la descente de Ségolène Royal à Dijon était pourtant ailleurs. Elle ne pouvait sans réagir laisser Vincent Peillon mener une OPA tranquille sur son propre courant qu’elle avait eu l’imprudence de laisser en jachère depuis quelques mois. “Je n’ai pas fait vingt-cinq ans de vie politique pour me réfréner, ou pour être l’otage, ou être instrumentalisée, c’est-à-dire qu’on utilise mon nom, ma capacité de mobilisation des militants et ensuite qu’on utilise tout cela pour des rapports de force“, “Je suis venue reprendre pied dans mon mouvement“, avait-t-elle ainsi déclaré en arrivant à Dijon, vexée d’avoir été déclarée personne non grata : “Personne ne décide pour moi à quel endroit je dois être et à quel endroit je ne dois pas être“.

L’origine de la mini crise de nerfs, du trouble, serait liée selon elle au fait d’avoir déclaré que sa présence n’était pas souhaitée. Intolérable pour celle qui avait il y a encore peu une grande partie de la gauche sinon à ses pieds du moins à ses basques dans l’hypothèse de glaner des miettes d’une victoire présidentielle à portée de main.

A demi-mot l’ex-candidate a reconnu que sa venue avait aussi pour objectif de mettre fin à la campagne faisant état depuis quelques temps de son pseudo-isolement. Au final les événements du week-end se résumeraient à “un traitement disproportionné de petites disputes, de dérapages verbaux qui n’ont pas lieu d’être“.

Les autres ténors du PS ne partagent pas cette analyse. La plupart d’entre eux, dans un reflexe Pavlovien, ont pris fait et cause pour Vincent Peillon, fustigeant le jeu très solitaire de Ségolène Royal. Aurélie Filippetti et Manuel Valls d’anciens proches ont fustigé son comportement. Alors que Martine Aubry reste à distance de la polémique, Pierre Moscovici renvoie dos à dos Vincent Peillon et Ségolène Royal : “J‘ai pu observer cette mauvaise querelle de loin“, “Tout ça est négatif. Je souhaite que cela cesse“. “Il faut se détourner de ces enjeux stériles, personne n’y gagne“, a commenté le député du Doubs.

Seul Arnaud Montebourg estime que Vincent Peillon n’avait pas à “abattre la guillotine de cette manière” sur la présidente de Poitou-Charentes en déclarant dimanche sur plateau de Canal + que Ségolène Royal “ne pourra pas nous faire gagner en 2012“.

De fait les propos de Vincent Peillon ont été particulièrement sévères à l’égard de l’ancienne candidate socialiste à l’Elysée disqualifiée selon lui pour la prochaine présidentielle. “Tous ses amis s’en vont car ses comportements ne sont pas bons“, a jugé le député européen qui accuse la présidente de Poitou-Charentes de diviser au lieu de rassembler.

Contrairement à ses affirmations, Ségolène Royal voit bien les rangs de ses fidèles se clairsemer. La perte de vitesse de l’ex candidate des socialistes se traduit également au plan sémantique. La présidente de Poitou-charentes est de plus en plus désignée par son nom au détriment de son prénom. Ce changement d’appellation n’a rien d’anecdotique. Il traduit un réel changement de perception de la présidente de Poitou-Charentes.

 

 

Itw de V. Peillon :se rendre à 2'15

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