Les militants socialistes du Pas-de-Calais sont d'accord avec les idées émises hier à Lens par l'ancien Premier ministre. « La République est en danger ! » Les termes sont de Jean-Pierre Kucheida à propos de la réforme des collectivités territoriales et de la fiscalité locale qui va pénaliser les mairies, les communautés d'agglomération et, en premier lieu, les départements et les régions. Invité hier matin à l'assemblée générale du Parti socialiste, Laurent Fabius a apporté son soutien aux élus.
Par Frédéric Camus
« La Fédération départementale des élus socialistes avait choisi pour thème, hier matin à la salle Richart de l'hôtel de ville de Lens, la réforme des collectivités territoriales. Autour de Frédéric Cuvillier, président, le débat a pris une tournure constructive avec un Laurent Fabius pointant du doigt « la volonté du gouvernement de pénaliser au maximum la fiscalité locale ».
Et l'élu de Seine-Maritime d'entreprendre un discours mobilisateur : « Avec la suppression de la taxe professionnelle qui ne sera pas compensée complètement, ce sont encore les ménages qui vont en subir la charge. Au Parti socialiste, nous ne devons pas accepter ce postulat de départ qui va pénaliser les contribuables. Certes, une petite partie sera récupérée par les intercommunalités, mais nous ne pouvons pas admettre cet état de fait. Nous le dirons haut et fort ces jours-ci lors de la réunion des conseillers généraux à Paris et du congrès des maires de France, en présence du Premier ministre que nous recevrons comme il se doit. »
Daniel Percheron, président de la Région, est allé dans ce sens : « Chaque année, la Région investit environ 700 millions d'euros, soit deux à trois fois plus que l'État. Comment ferons nous après ? » Le sénateur Michel Sergent a mis en garde les élus de la région : « Il ne faut pas faire de surenchère et se monter l'un contre l'autre ! » Et Jean-Pierre Kucheida, député-maire de Liévin, a ressorti son cheval de bataille : « Les communes minières sont déjà victimes du système de fiscalisation. Avec cette réforme, elles seront dans un état pitoyable... C'est ici qu'il faudra mener un combat avec force. » Pour atténuer la tendance voulue par le gouvernement, Dominique Dupilet, président du conseil général, menace de prendre des mesures : « La suppression de la taxe professionnelle fera perdre 275 millions au Département, alors que 280 millions d'investissement sont prévus. Ce qui veut dire que les impôts vont augmenter. En réaction, si on nous suit en France, on peut déclencher une opération "Département mort" en arrêtant les transports scolaires et les cantines et en se contenant de nos compétences en faveur des routes et des collèges. » Alain Wacheux, maire de Bruay-La Buissière, a peur « pour la cohésion nationale avec un Fillon qui ne manque pas de culot en jetant la responsabilité sur les collectivités locales ». Quant à Guy Delcourt, il a brandi avec fermeté un document intitulé « Les services publics en danger ».
Tous les militants du PS sont d'accord pour faire passer le message lors des prochaines cérémonies des voeux avec, en toile de fond, un travail de sape avant les régionales de mars prochain. Pour Laurent Fabius, « face aux coups bas du gouvernement contre la démocratie locale, c'est un combat à mener et à gagner. Pour l'équilibre de notre société, nous demanderons que cette réforme des collectivités territoriales soit soumise à un référendum ».
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