Les enseignants ont de plus en plus de difficultés. Leur charge de travail est beaucoup plus lourde aujourd’hui et ceux qui ont plus de 20 ans de métier sont les plus formels.
C’est ce qu’analyse entre autres choses le rapport de 224 pages commandé par la Direction de l’évaluation du Ministère de l’Éducation nationale à une société externe et rendu public le 30 octobre dernier.
Certes, les termes du rapport sont choisis et les conclusions noyées au milieu d’un ensemble de tableaux croisés décomposant les résultats de l’enquête menée de septembre à octobre 2008 auprès de 1200 professeurs.
Mais le constat est enfin posé :
« Plus des trois-quarts des enseignants estiment que leur charge de travail s’est alourdie ces dernières années ».
Et ils n’en restent pas là. La cause est clairement mise en évidence :
« L’hétérogénéité des élèves est sans conteste la première explication à l’augmentation de la charge de travail des enseignants ».
Depuis 30 ans, en effet, on n’a eu de cesse d’abolir les classes de niveaux, de mettre les bons avec les mauvais et de dire aux enseignants : « débrouillez-vous ! ».
Résultat : on paye la note aujourd’hui. Les enseignants ne s’en sortent pas et l’on ne peut plus cacher que l’on a rendu au fur et à mesure leur métier impossible.
Que fera le ministre face à ce constat sans appel ?
Les enseignants, de leur côté, auraient une solution en tête : « diminuer le nombre d’élèves par classe ». C’est la première proposition qu’ils émettent pour améliorer leur métier, selon ce sondage.
Pourtant, il n’est pas prouvé que la difficulté d’enseigner soit liée à la taille de la classe. Si tel était le cas, depuis le temps qu’on pratique les petits effectifs en ZEP ou dans des classes spécialisées, on aurait dû obtenir des résultats.
C’est que ce n’est pas une affaire de taille mais de niveau : faites des petites classes avec des élèves qui ont des niveaux radicalement différents et la situation reste toujours aussi ingérable pour le professeur.
Kevin Brookes, étudiant assurant des cours de soutien scolaire dans un collège de ZEP, le rappelait ici : les classes des établissements difficiles sont peu fournies en élèves, et pourtant, l’échec scolaire et la violence y sont monnaie courante. En revanche, certains établissements de centre-ville ont des classes chargées, mais d’un niveau homogène, et les professeurs peuvent se consacrer à leur mission de transmission des savoirs.
Revenons donc à des mesures réalistes et à une gestion de bon sens loin des théories développées et re-développées depuis plus de 30 ans.
Proposons au sein de chaque établissement que les classes soient organisées en fonction des niveaux des élèves – les bons avec les bons, ceux qui ont des difficultés avec ceux qui ont des difficultés – pour permettre au professeur de délivrer un enseignement approprié à chacun. On aboutirait à une organisation réaliste et non à un système, comme c’est le cas actuellement, où personne n’y trouve son compte.
7 enseignants sur 10 se sentent déjà personnellement concernés par le malaise enseignant. Pas la peine d’attendre d’en compter 10 sur 10 pour agir.