La trahison de Thomas Spencer, Philippe Besson, 2009, 265 pages.
Un mot me vient après la lecture de ce livre : douceur.
L'écriture de Philippe Besson a cette douceur langoureuse, cette sensualité, qui s'accorde tout à fait avec les lieux où se déroulent l'histoire de son dernier roman.
Je n'avais lu aucun des livres de cet auteur, et pourtant son écriture correspond tout à fait à ce que j'aime dans un livre : cette douce mélancolie...
Le Mississippi dans lequel se déroule l'histoire de ce livre est moite et collant. Il est raciste aussi, dans ces années 60 particulièrement. C'est ce que nous montre le narrateur, Thomas Spencer lui-même, qui traverse ces années tranquillement, accompagné de son ami Paul. Leurs deux familles sont voisines, par le plus grand des hasards (la mère célibataire de Thomas emménage là juste après la naissance de son fils, abandonné par son mari), et les deux garçons, sorte de jumeaux cosmiques, sont nés le même jour (le jour du bombardement sur Hiroshima). Ils deviendront les meilleurs amis du monde et vivront tout ou presque à deux. Leur relation reste totalement pure et sans ambiguïté mais le livre comporte une scène teintée d'une sensualité chaste, lorsque les deux garçons se baignent ensemble dans le fleuve. Philippe Besson a ce talent pour décrire les corps des garçons et leurs premiers émois.
Les deux amis rencontreront un beau jour Claire, qui sera à l'origine (la rencontre) du drame.
Les chapitres sont très courts et nous précipitent dans cette Amérique des années 50 et 60 qui vit quelques-uns de ses plus grands événements (Premier homme sur la lune, assassinat de JFK et de Martin Luther King, lutte pour les droits sociaux... une description par ailleurs un peu scolaire et maladroite parfois de tous ces événements). Cette construction en chapitres brefs et fluides fait que nous lisons ce livre assez rapidement, d'une part parce que les pages se tournent vite et d'autre part parce que l'on ne veut plus lâcher l'histoire...
La fameuse trahison, quelle est-elle ? Je m'y attendais un peu, à cette trahison finale, dans les grandes lignes. Elle tarde et tarde à venir, mais le suspense n'en est que plus intense. Je frémissais à l'idée de tourner la page et d'enfin savoir... Le drame final contrecarre la beauté et la quasi-légèreté du début, comme une ode à l'adolescence et à l'enfance définitivement perdues dans ces 50 dernières pages.
Un avis beaucoup plus mitigé ici.
Et une critique très dure sur TV5 Monde..(!)
La critique de Lire, beaucoup plus élogieuse.
En écrivant ceci, j'écoute Rocco Deluca and The Burden, Mercy (Universal, 2009)