Des joues pleines, des franges basses, des têtes à jouer deux sets par soir à Hambourg. Ce sont les Cracbooms sur scène.
Les voilà d'ailleurs qui comptent le rythme en allemand, rigolards. Une bande d'amis qu'on imagine déjà ensemble, s'échangeant des billes dans un préau mal chauffé quand l'hiver tombe comme une vieille connaissance sur l'Auvergne. Peut-être se sont-ils tout simplement rencontrés l'année dernière sur les bancs dégueulasse de lettres ou de socio, en banlieue parisienne. Mais, ce soir à La féline, on se refuse à avaler cette version des faits.
Harmonies chantées à tue-tête, « yeah !» avant le solo, passage majeur-mineur sur le même accord... c'est de la pop franche du collier, comme si kraut et shoegaze n'avaient jamais foulé nos oreilles, comme si Hard day's night avait valeur de Graal, comme si One night in America des Plimsouls -cette merveille !- était sorti la veille. On pourrait même parler de « power pop » pour ceux qui manient les langues mortes mais cette « école » a tellement déçu que ce ne serait pas de bon augure. Car l'heure est grave, les Cracbooms sont à une sorte de tournant, on le sent dans l'air de Ménilmontant. Ils ont sous le pied un fantastique EP 4 titres, avec une pochette montrant les quatre types adossés à un mur en briques ou derrière la vitre de leur bar préféré, par exemple. Le genre de disque que l'on ressort à chaque mois d'avril, un peu étonné que ça marche encore. Pas plus que ça ? Mais qui en veut plus, putain ! Tous les albums sont deux fois trop longs. Il n'y a plus de disques et encore moins de 4 titres ? Bah, c'était histoire de parler, les Cracbooms trouveront bien un moyen. Tiens, Dutronc devrait les prendre en première partie pour son retour sur scène.Bien sûr, on pourrait noircir le cahier de doléance (morceaux parfois trop semblables, des tours de « couplets refrains » en trop, des solos qui pourraient disparaître...) mais ce serait vraiment du vice de peine-à-jouir qui se retient de taper du pied.
Fin du show, idéalement court et tendu. On se dit, qu'aujourd'hui, Radiohead et Massive attack ne réussiraient pas aussi facilement leur coup que dans les 90's. Mustang, le groupe d'après, est attendu comme un « espoir », une dauphine de la miss France du rock (je vous laisse décerner la couronne, je me suis arrêté aux Thugs). Et effectivement, c'est un genre de rockab' puriste et intrigant, dans la langue de Vialatte. Mustang connaît son affaire et ses points forts. Un peu trop d'ailleurs ; le miracle de la soirée prend fin, comme si les noces de Cana se poursuivaient au blanc-cassis. Ce soir, la messe fut dite en première partie et l'hostie colle encore aux dents plusieurs jours après.
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