Il y a plus d'une semaine, j'ai eu la bonne idée de me lancer dans la découverte d'une série coréenne dont j'avais entendu grand bien. C'est un cercle vertueux typiquement téléphagique : on tente un type de séries, et comme la tentative est fructueuse, on en tente plus encore... Et en l'occurrence, après Over the Rainbow, je me disais que vu le nombre de références à la série IRIS sur les divers sites de cagoulage de dorama, je ferais bien d'y jeter un œil.
Grand bien m'a pris. Une fois de plus.
Assez proche, dans l'esprit, des meilleurs épisodes d'ALIAS, IRIS propose un univers sombre, complexe, et sans complaisance de l'espionnage. Même s'il faut pour cela jouer avec la narration et perdre le spectateur sur les premières longueurs, exigeant de lui les qualités d'un marathonien au lieu de miser sur une efficacité immédiate. Et c'est tout à l'honneur de cette série qui semble résolue à tomber le moins possible dans la facilité.
Tout commence avec une mission assignée au héros, Kim Hyun Joon, et excusez du peu, il s'agit simplement de perpétrer un assassinat politique qui permettrait à la Corée du Nord et la Corée du Sud de se réunir. Ça fait un peu beaucoup même pour un homme aux épaules si carrées. En soi, l'exposé de la mission donne d'ailleurs une bonne mesure de l'intelligence de la série ; référence historique, placement de l'intrigue, cette séquence est déjà riche en enseignements sur ce qu'il y a à attendre de l'intelligence de la série. La mission se poursuit, et Hyun Joon atteint sa cible. La scène d'action qui s'en suit est réussie à son tour, avec ce qu'il faut de panique et de violence pour prendre IRIS très au sérieux sur ses intentions : il y aura du mouvement, mais pas de gratuité.
Ce qui m'a un peu perdue sur le moment, c'est que sans avertissement, sans rien, au bout de 12 minutes, Hyun Joon perd conscience et le spectateur se réveille sur un campus verdoyant, paradisiaque. Il faut un bon moment pour comprendre s'il y a eu flashback ou flashforward, mais l'histoire ne ralentit pas pour si peu et les tribulations de Hyun Joon et son ami Jin Sa Woo se poursuivent. Si un inévitable élément féminin est introduit, c'est une fois de plus avec intelligence (et pas avec pour seule intention d'instaurer un triangle amoureux pour divertir l'audience féminine qui se serait aventurée devant IRIS), ce qui rend très passionnant ce nouveau chapitre de l'histoire, tout déroutant soit-il dans la chronologie du pilote.
Je vais tenter de m'arrêter là dans les spoilers, mais les dernières minutes de l'épisode s'avèrent plus convaincantes encore. Plus fortes. Plus violentes. Plus prometteuses quant à la suite des évènements. On ressort de cette heure de pilote à la fois essoré et impressionné.
Ah, quand les Coréens mettent des sous dans une production, ils ne le font pas à moitié ! Tourné dans je ne sais combien de pays et avec je ne sais combien de millions, IRIS tient ses promesses. C'est toute la différence entre une production pleine de sous, et une production pleine d'investissements. A chaque étape, casting, écriture, réalisation, tout est léché et vivant, intelligent et divertissant, sobre et époustouflant.
Des séries comme celles-là, on a envie de les présenter au monde entier. Si j'essaye de parler de dorama ces derniers temps dès que je le peux, c'est en sachant qu'une personne sur quinze ou vingt va vraiment lui donner sa chance. Mais dans le cas d'IRIS, on se dit qu'une diffusion en Occident serait plus que méritée. Et je suis certaine que ça marcherait, en plus, parce qu'il y a quelque chose d'universel dans IRIS, capable de sortir du marché local, efficace et sensé dans sa réalisation, pas du tout imperméable pour le spectateur qui n'est pas habitué aux productions asiatiques. C'est énervant, à la fin ! Quel gâchis ! Pourquoi on ne permet pas aux gens de découvrir des séries comme celle-là ! Je comprends que jamais des Kimi wa Pet ou 1 Rittoru no Namida ne pourront faire l'unanimité, mais quelque chose du calibre et de l'ambition d'IRIS...!
Bon, faites-moi plaisir, et faites-vous une faveur, ne laissez pas les diffuseurs occidentaux vous avoir ; donnez sa chance à IRIS. Satisfait ou remboursé. Je ne pense pas qu'on puisse être déçu.
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche IRIS de SeriesLive.