L’adresse se la joue chic. Le personnel est nombreux, un peu jeune mais attentionné. La salle est plutôt grande, cosy, elle bénéficie d’un design lounge-ethnique plutôt réussi. Les tables sont suffisamment espacées pour ne pas avoir à subir les bavardages de quelques voisins partageurs.
Tout au fond, une grande baie s’ouvre sur une large cuisine. Ou plutôt un laboratoire inoxydé, dans lequel une poignée de cuistos japonais officie calmement, sans stress apparent. De temps à autres, le colosse Mauricien nous expose son buste, concentré au dessus d’une assiette qu’on imagine à l’exotisme gourmand.
La sérénité qu’inspire l’endroit m’incite à prendre le menu « carte blanche » : 65 €, 5 plats, selon l’inspiration du jour. Autrement dit, mieux vaut ne pas tomber sur un chef inconstant, une nuit sans lune…
Côté vins, je me laisse tenter par un verre de côtes du Roussillon de chez Hervé Bizeul, gentil mais un peu court. Puis, plus tard, par un Clos Floridène 2006, verre au prix bien plus ébouriffant que le nectar qu’il contient.
Mise en bouche sympathique, servie trop froide, dommage. En cuisine, la cadence est soutenue et les plats se succèdent avec rythme : des huîtres en gelée au goût bien iodé, une petite salade coquette avec de fines tranches de poisson fumé, quelques moules baignant dans un bouillon, une composition de tartares de poissons et st jacques.
C’est bon, c’est frais, ça n’est pas un choc gustatif. Idem pour les plats. Un poisson un peu cuit, un cochon croustillant et ses petits légumes croquants qui l’accompagnent en rangs serrés. Bien que fort sympathique, ça n’est pas extatique. Le dessert est décevant, sorte de baba revisité un peu spongieux et sans grand intérêt. En même temps je ne suis pas très objectif, je déteste le baba…
Est-ce que le menu vaut 65 € ? Oui au vu de la qualité des produits et du nombre de plats servis. Est-ce que c’est bon ? C’est honnête. Est-ce que j’y retournerai ? Pas avant que la cuisine ait fait un saut créatif et gustatif notable.
Pour ceux qui se posent encore l’ultime question, voici la réponse : le Chamarré Montmartre n’est pas le Chamarré.
Le Chamarré - 52 rue Lamarck - 75018 Paris - 01 42 55 05 42