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H1N1 un climat éthique inquiétant

Publié le 14 novembre 2009 par Suzanneb

Daniel Weinstock professeur de philosophie à l’Université de Montréal, directeur du centre de recherche en éthique a fait paraître dans divers journaux une lettre intitulée: «H1N1 un climat éthique inquiétant».

Dans cette lettre, après avoir énoncé les diverses confusions rencontrées depuis le début de cette crise pandémique, il ajoute:

Bref, il y a une certaine confusion. Et cette confusion, il faut le reconnaître, ne vient pas, comme certains officiels de notre système de santé voudraient le faire croire, de l’«extérieur» du système de santé, de cow-boys de l’opinion qui se servent d’Internet et des autres possibilités médiatiques qui leur sont offertes pour dire n’importe quoi. Elle provient de l’intérieur, de ces messages et gestes en apparence contradictoires émanant de l’intérieur du système lui-même.

(…)

C’est par ailleurs une règle d’or de l’éthique biomédicale de penser qu’il en va de la responsabilité du corps médical d’aider la population à s’informer, même lorsque l’information qu’elle reçoit est incertaine, fragmentaire et ambivalente. L’éthique médicale exige que l’on traite les gens comme des adultes plutôt que comme des enfants. C’est la raison pour laquelle on exige des médecins qu’ils exposent le pour et le contre de différentes options thérapeutiques, plutôt que de tenter d’imposer leur point de vue par la peur ou l’intimidation.

Des énormités

Les stratégies argumentatives de certains porte-parole du système de santé québécois ne respectent à l’évidence pas toujours cette exigence dans la présente campagne de vaccination. Ceux qui remettent en question l’utilité d’une campagne de vaccination en utilisant des arguments qui à première vue méritent d’être discutés se font dire qu’ils seront responsables de morts si leurs propos devaient venir à convaincre quiconque de ne pas se faire vacciner. Il s’agit là d’une énormité qu’il convient de signaler.

On démonise ceux qui posent des questions. On préfère les assimiler faussement aux charlatans qui opposent tout vaccin en toute circonstance plutôt que de répondre calmement, dans le respect mutuel, et au profit de la population québécoise dans son ensemble, à leurs arguments concernant cette campagne de vaccination. Et surtout, on fait comprendre à ceux qui voudraient poser des questions, qui voudraient y voir clair, comme il est du droit de tous de le faire dans une démocratie, qu’ils ont intérêt à garder le silence. Plutôt se taire et emboîter le pas que se faire dire qu’on sera responsable de morts.

Climat de peur

Que l’on me comprenne bien: je ne cherche pas à avaliser les propos de ceux qui doutent de la pertinence de faire vacciner la population. Je suis père de trois enfants, et je me soucie comme tout père de leur santé. Si nous n’avons pas été infectés lorsqu’arrivera notre tour en décembre, nous finirons probablement par faire la queue et retrousser nos manches.
Il est cependant essentiel que personne dans notre société ne cède devant la tentation de taire le débat public en installant un climat de peur. Nous avons à long terme plus à perdre de cette peur que de la grippe qui s’installe actuellement au sein de la population.

Le Devoir - H1N1 un climat éthique inquiétant - par Daniel Weinstock - 4 novembre 2009.


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