Qui ne rêve d'échapper aux limites contre lesquelles, obscurément, il vient buter ?
Tel est surtout le cas de Careyon. Un accident lui a ravi celles qu'il aimait. Depuis, il court les routes, ivre d'horreur: il cherche en une folle fuite en avant à donner un sens à la mort absurde de Barbara et de Céline. Il y a aussi Derenne, le journaliste que ses mots n'enivrent plus: il mène l'enquête sur une série noire qui frappe les camionneurs.
Il y a ce grand-père qui gratte les murs de sa solitude; ou Mangin croyant construire dans sa gare désaffectée un réel à sa mesure... Comme Socrate, vieux marginal réfugié dans sa fascination du vide et des questions sans réponses, chacun s'enferme dans un vertige intime que les autres vont croiser... parfois sur des routes meurtrières.
Editions ARCANTERE
Découpé comme un scénario de film, voici un roman noir, très noir, dans lequel l'auteur nous incite à plonger brutalement, alors que nous pouvions raisonnablement attendre, au pire, une oeuvre élégiaque. On supporte le choc, reste l'onde. Et c'est vrai que par le jeu de la progression dramatique menée par Michel Baglin, avec un réalisme pointilleux, il est difficile d'abandonner en cours de route cette histoire de folie et de mort dont il serait faux de croire qu'elle ne peut arriver qu'aux autres. Henri Rozès (La Dépêche du Midi)