Il y a des jours où j'ai honte d'être Français... Et en particulier lorsque je lis l'article du Temps consacré au soutien sur le Web à Tony Musulin.
Tony Musulin, ça vous dit quelque chose ? Vous savez, ce convoyeur de fond "modèle" qui est parti avec un peu plus de 11 millions d'euro... et que la police française recherche toujours.
La cote de popularité de Musulin sur le Net est importante
Le journaliste a enquêté et s'est rendu compte que ce malfrat bénéficie d'une cote de popularité incroyable sur le Net, avec, sur Facebook, plus d'une centaine de groupes qui lui sont consacrés, des t-shirt et sites à sa gloire : bref, un véritable fan club.
Cette différence culturelle entre la Suisse et la France étonne le journaliste. Pour illustrer cet engouement, voici quelques remarques prises par ci par là :
"Il s'est fait la bel avec 11 millions d'euros, personnes n'a rien vu il déchire ce mec"
"Respect Tony, respect"
Certains vont même jusqu'à pousser l'ironie a créer un groupe de soutien sur Facebook pour que la Police lui rende les 9 millions retrouvés : "Soutenons Tony, il mérite ces 9 millions... Parce que 2 millions c'est bien mais 11 c'est beaucoup mieux, Parce qu'un coup comme ça, c'est des mois de travail, Parce qu'il n'a fait de mal a personne !"
Quand les Français valorisent ceux qui défient le pouvoir, les Suisses ne comprennent pas
C'est donc de ça dont il est question : il a réussi à rouler l'État, tout en ne faisant de mal à personne.
Le journaliste du Temps met clairement en avant ce que je considère une véritable tare nationale : la tendance à valoriser ceux qui réussissent à défier ou à renverser l'autorité.
Citant le psychiatre Boris Cyrulnik, l'article précise qu'en France, on se méfie des riches qui ont, dans l'esprit populaire, probablement "volé" et fait leur fortune sur le dos des plus modestes. Donc, quand un Musulin réussit ce type de casse, on l'adule car on a le sentiment qu'il répare une injustice.
Issu de la Révolution française, ce sentiment d'injustice perdure encore aujourd'hui, et d'ailleurs on le voit bien, la lutte des classes est encore un sujet très présent dans la société française.
Enfin, le journaliste du Temps donne une explication "institutionnelle" à ce phénomène : ce serait "le centralisme à la française" et l'éloignement du peuple par rapport aux décisions qui expliqueraient cet attrait pour les personnes qui renversent et défient le système. En Suisse, où règne un système de démocratie semi-directe, c'est le peuple qui décide de presque tout, et ce comportement qui consiste à soutenir un malfrat reste particulièrement difficile à comprendre.
Voici donc deux questions que je vous adresse :
- A mes lecteurs suisses, pensez-vous qu'il soit possible qu'un "Tony Musulin" suisse soit un jour adulé par le peuple ?
- A mes lecteurs français, que pensez-vous de cette affaire ?
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