Agence France-Presse, Kaboul
Le président afghan Hamid Karzaï a promis de s'attaquer à la corruption qui gangrène son pays et provient souvent des seigneurs - chefs de guerre ou hommes forts locaux - qui hantent les coulisses du pouvoir. Voici une brève biographie de quelques uns d'entre eux.
Mohammad Qasim Fahim: Tadjik, maréchal à vie, ancien bras droit, pendant la lutte anti-soviétique (1979-1989), la guerre civile (1992-1996) et le règne des talibans (1996-2001) du chef de guerre tadjik Ahmad Shah Massoud, dans l'assassinat duquel il « pourrait avoir joué un rôle », selon Hillary Mann Leverett, ex-membre du Conseil national de la sécurité américain, qui le qualifie de « seigneur de la guerre violant les droits de l'homme et trafiquant de la drogue ». Selon plusieurs sources diplomatiques, il est impliqué dans diverses activités criminelles, dont le trafic de drogue et des kidnappings. Il sera un des deux vice-présidents du futur gouvernement Karzaï. Le fief de Fahim est le Panshir, province tadjike au nord de Kaboul, citadelle imprenable de Massoud depuis 1979. Il y possède un palais en cours de construction dans le village de Shahaba, selon des villageois.
Ahmad Wali Karzaï: Pachtoune, frère du président Hamid Karzaï, chef du conseil provincial de Kandahar (sud), bastion des talibans, où il a installé un véritable « système mafieux », selon un diplomate occidental. Suspecté d'être mêlé, en cheville avec Gul Agha Sherzaï, au trafic de drogue, ce qu'il a toujours nié. Un diplomate occidental indique également que Karzaï frère contrôle l'économie locale et investit beaucoup dans l'immobilier, avec des méthodes musclées (expropriations forcées notamment).
Gul Agha Sherzaï: Pachtoune, ancien chef de guerre, a combattu les Russes dans les années 1980, puis les talibans dans les années 1990. Populaire gouverneur de la province du Nangarhar (est), après avoir gouverné celle de Kandahar. Soupçonné d'être mêlé au trafic de drogue, en cheville avec Ahmad Wali Karzaï. Il est proche du colonel Abdul Razziq, surnommé « le Parrain », puissant chef de la police des frontières de Kandahar, lui aussi soupçonné d'être mêlé au trafic de drogue, selon des documents de la force de l'OTAN en Afghanistan (Isaf) auxquels l'AFP a eu accès. Fortune personnelle estimée à 300 millions de dollars, selon une source militaire occidentale.
Abdul Rashid Dostom: Ouzbek, ancien chef de guerre originaire du nord. À travaillé pour le gouvernement communiste afghan (1978-1992), époque à laquelle ses miliciens étaient connus pour leur cruauté et combattaient les moudjahidine, avant de rejoindre Ahmad Shah Massoud dans l'Alliance du Nord en 1992, puis de s'allier, avant de le combattre, à l'ancien premier ministre Gulbuddin Hekmatyar, aujourd'hui entré dans la clandestinité car il combat les forces internationales. Dostom est accusé de nombreux crimes (kidnapping, trafics en tous genres) et crimes de guerre, notamment la mort de milliers de prisonniers talibans fin 2001. Son emprise reste forte sur le nord du pays.
P. -S. : Croyez-vous sérieusement que je suis pour le fait de gaspiller les vies de nos jeunes soldats et l’argent de nos impôts en les offrant à ces sympathiques amis du président Hamid Karzaï? Pas une seule minute. Je ne crois pas au règne de Karzaï sans l’appui de ces riches chefs de guerre. Une chose est certaine, ils ne seront pas invités à ma fête.
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