"Il est temps pour moi d'essayer quelque chose de nouveau. J'ai confié l'application Facebook pour iPhone à un autre développeur et je vais me tourner vers un autre projet". C'est en ces termes que Joe Hewitt vient d'annoncer sur Twitter qu'il allait cesser de travailler sur cette application qui compte parmi les plus téléchargées de l'App Store. Les conditions draconiennes d'agrément d'une application sur le kiosque d'Apple seraient-elles en cause ? On serait tenté de répondre oui, lorsqu'on voit que Rogue Amoeba, éditeur de l'application Airfoil, va suivre le même chemin.
Joe Hewitt lâche Facebook pour iPhone
Joe Hewitt a déjà fait part à plusieurs reprises de son agacement relatif au processus de validation mis en place par Apple. Cette fois, il indique que sa décision n'a rien à voir, mais se déclare tout de même "philosophiquement" opposé à l'existence de ce processus.
"Je suis très inquiet de voir qu'ils sont en train de créer un horrible précédent pour d'autres plateformes logicielles, et que bientôt des agents de contrôle viendront infester la vie de chaque développeur logiciel", a-t-il déclaré à TechCrunch. Joe Hewitt devrait rester chez Facebook mais s'il y développe pour mobile, ce ne sera plus direction de l'iPhone.
Une vision de l'App Store que partage une bonne partie des développeurs, professionnels ou amateurs, rattachés de près ou de loin à l'univers du logiciel libre. Le parallèle entre restriction des libertés et App Store a d'ailleurs été fait lundi soir par le fameux Tristan Nitot, président de Mozilla Europe, lors de la soirée anniversaire des cinq ans de Firefox.
Airfoil orpheline
Rogue Amoeba, l'éditeur bien connu des utilisateurs Mac pour ses logiciels dédiés au son, en a également sa claque. Il faut dire que les mésaventures de son application, Airfoil, ont de quoi faire monter la moutarde au nez. Trois mois ont en effet été nécessaires à la mise en ligne d'une mise à jour mineure de ce logiciel (qui permet d'écouter sur son iPhone la musique de son Mac) sur l'App Store.
Motif ? Une icône reprenant l'apparence d'un Mac, qu'Apple a trouvée déplacée, dans la mesure où elle enfreignait sa propriété intellectuelle. Le problème est que l'icône en question est fournie par le système et non intégrée en dur dans l'application.
Pire : cette fonctionnalité était déjà présente dans la version 1.0 du logiciel qui, elle, avait été approuvée par Apple sans difficultés. "Pour livrer notre mise à jour, nous devions cesser de montrer les images de l'ordinateur et les icônes d'applications Apple. Le fait qu'Apple nous ait fourni le code nous permettant de les montrer, et que cette fonctionnalité avait été approuvée au préalable, n'est pas entré en ligne de compte", explique Paul Kafasis, le PDG de Rogue Amoeba.
Suite à ces incidents, les visuels incriminés ont finalement été retirés et remplacés par une icône invitant à aller visiter le site de l'EFF (Electronic Frontier Foundation). L'éditeur a pour sa part pris la décision de ne plus s'intéresser à l'iPhone et de se concentrer sur les logiciels Mac où, là, la censure ne guette pas à chaque coin de ligne de code...
Difficile de ne pas être d'accord avec Joe Hewitt ou Rogue Amoeba lorsqu'on sait ce qui peut être fait avec une plateforme comme l'iPhone, dont le logiciel est extrêmement simple à manipuler - puisqu'il il s'agit d'une base Unix. C'est en partie pour cette raison que le jailbreak a beaucoup de succès, même si beaucoup n'y voient maintenant que le moyen d'installer frauduleusement des applications payantes. Apple finira-t-elle par s'aliéner le public des développeurs pour protéger sa stratégie commerciale ?