Tous les constructeurs basent leur stratégie du futur sur cette nouvelle technologie, permettant de diminuer la consommation de CO2.
Tous parient sur une révolution de l’électrique dans les années à venir, mais un rapport vient bouleverser ces prévisions et pointer les défis à relever avant un véritable essor de
ce type de véhicule.
L’explosion tant annoncée des véhicules électriques sur nos routes n’aura pas lieu avant plusieurs décennies. C’est l’une des conclusions du rapport « How to avoid an
eletric shock » publié par l’organisation Transports et Environnement jeudi 12 novembre. Ce dernier assure que jusqu’en 2030, le développement des voitures électriques sera limité.
Pire encore, « selon les estimations du rapport, elles devraient représenter seulement 25% des ventes de véhicules neufs en 2050 ». Des chiffres qui tranchent radicalement avec l’ensemble des prévisions des constructeurs automobiles, qui présentaient tous leurs premiers modèles électriques au dernier salon de Francfort, et des autorités. Rien qu’en France, le gouvernement table sur un parc de deux millions de véhicules hybrides rechargeables ou électriques en 2020, et 4,5 millions en 2025. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a placé le développement des véhicules décarbonés comme une des priorités de son nouveau mandat.
Reste que ces autorités semblent oublier deux freins à ce développement, mis en avant par le rapport. La première difficulté tient à la consommation d’électricité. L’organisation s’appuie en effet sur le rapport de l’association des producteurs d’électricité de l’Union européenne, Eurelectric, qui évalue le remplacement complet du parc automobile à une hausse de 15% de la consommation d’électricité en Union européenne. Cette demande d’énergie supplémentaire pourra certes être fournie par des énergies renouvelables et peu polluantes. « Le véhicule électrique peut offrir des réductions substantielles en terme d’émissions de CO2 s'ils sont alimentés à partir d’énergies renouvelables », assure un des représentants de l'ONG, Dudley Curtis.
Mais, face au développement encore restreint de l’énergie éolienne ou solaire, l’organisation reste lucide et précise que cette électricité proviendra surtout des centrales au charbon et de l’énergie nucléaire. Et augmentera de ce fait les émissions de CO2. Finalement, si l’on tient compte des émissions des centrales pour produire l’électricité des véhicules, le bilan carbone de ces derniers n’est pas avantageux par rapport aux véhicules essence et diesel.
Sans compter que « tout cela aura un impact sur les décisions concernant les investissements futurs dans le secteur énergétique », précise le rapport. En effet, pour la France, le groupe GDF craint déjà de ne pouvoir assurer la demande nationale en chauffage électrique au cours de l’hiver, faute de capacités en charbon et en gaz.
Autre problème évoqué par le rapport : le coût et les capacités des batteries. Selon l’organisation, les voitures électriques mettront du temps avant d’être compétitives par rapport aux voitures traditionnelles. Elle évalue un surcoût de 3 000 à 5000 euros par véhicule, essentiellement du fait des prix des batteries.
Si le rapport assure que les batteries lithium-ion semblent être les plus prometteuses, il note que la réduction de leur coût ne pourra intervenir qu’à moyen terme et non « sur les deux prochaines décennies ». « Il sera possible de réduire les coûts mais pas à moyen terme. Une fois que les batteries seront performantes et que le marché des voitures électriques se sera développé », précise le directeur. Le rapport va plus loin et précise que les batteries ne sont peut-être pas la solution d'avenir car elles perdent en efficacité à mesure qu'on les recharge. Selon Dudley Curtis,« la solution se trouverait alors davantage dans une interconnexion d'énergies renouvelables complémentaires ».
Malgré tout, le rapport rappelle la nécessité que constitue ldéveloppementnt des véhicules électriques. Dans l’Union européenne, les transports sont la cause de 28% des émissions de CO2, selon lui.
Pour ce faire, l’organisation préconise de modifier la publicité faite autour des véhicules électriques qui seraient disponibles à grande échelle dans les prochaines années. « Promouvoir les voitures électriques sans maintenir la pression sur des normes d’efficacité énergétique va tuer toute chance de succès de ce type de voitures », a commenté Andrew Davis, directeur de Transport et Environnement. « Leur introduction ne devrait pas être considérée comme la panacée, comme actuellement », selon lui.
Pour consulter le rapport de Transport et Environnement, cliquez ici.
Source : Barbara Leblanc pour Usinenouvelle.com