Les Bleus peuvent-ils le faire?

Tendai "Beast" Mtawarira

Que peuvent faire des bleus s’entrainant ensemble depuis seulement cinq jours, sortant de douze journées de championnat éprouvantes et dont l’équipe change constamment, face à une équipe rodée, qui domine le rugby mondial depuis trois ans maintenant. Sur le papier, ça ne parait pas bien engagé, mais avec la France on peut s’attendre à tout. Depuis le Tri-Nations, les Boks ont perdu de nombreux cadres, sur blessure ou à cause d’une signature dans un club étranger. Parmi eux, Juan Smith, Pierre Spies, Jean de Villiers et François Steyn, rien que ça! Petit état des lieux et comparatif avec les bleus.

* Première ligne: Le Midol de ce lundi annonce que la mêlée n’est pas le point fort des Boks. En même temps deux pages plus loin “l’énorme” performance australienne face aux Anglais est analysée. Même si la France a toujours excellé dans ce domaine, force est de constater que les Sudafs ne sont pas des débutants. Bismark du Plessis est méconnu en France mais il a tout de même forcé John Smit à devenir pilier droit et est aujoud’hui considéré comme le meilleur à son poste dans tout l’hémisphère sud. Idem pour “Beast” Mtawarira, qui a failli rester à Pretoria suite à des problèmes administratifs (il est de nationalité Zimbabwéenne), et qui possède déjà le scalp de Phil Vickery. Le maillon faible reste donc John Smit, le capitaine des Boks, qui porte le numéro 3 depuis le titre mondial de sa sélection. Comme l’a dit Os du Randt, on ne s’improvise pas pilier droit à plus de trente ans. Il a cependant l’expérience pour lui et il faudra tout de même le prendre au sérieux. Fabien Barcella s’occupera donc du capitaine et devra tenir tout le match car Marconnet devrait vraisemblablement remplacer un Mas qui se sera fait pilonner par “la bête”. Le combat sera rude car les deux meilleurs premières lignes du monde s’affrontent, et quand on sait que CJ Van der Linde est sur le banc, les piliers français doivent avoir quelques sueurs froides. Surtout quand les deux consultants exceptionnels pour la mêlée se nomment Os du Randt et Peter de Villiers.

* Deuxième ligne: Nallet a beau clamer qu’il va faire en sorte que Bakkies Botha se souvienne de lui (une histoire de blessure ancienne dont je ne me souvenais pas), je ne miserais pas une seule pièce sur la domination des Français. Il est déjà assez surprenant de stigmatiser la violence de Botha alors que Nallet le menace en catimini, mais face à une telle deuxième ligne, les bleus devraient garder leur droit de réserve. Car Matfield et Bakkies forment incontestablement la meilleure deuxième ligne au monde et un alignement extraordinaire. Millo et Nallet ont du boulot, et une entrée éventuelle de Chabal serait plus efficace en troisième ligne.

Bon courage Lionel

* Troisième ligne: Sur le papier, avantage aux Français grâce aux blessures de deux cadres Sudafs. Mais doit-on considérer Heinrich Brussow comme un remplaçant alors qu’il a été présent lors des victoires face aux Lions et en Tri Nations. La France du rugby va apprendre à connaître ce spécialiste du jeu au sol qui pourrait dans un futur proche pousser un des deux flankers cadres (Burger ou Smith) sur le banc. Ryan Kankowski est titulaire chez les Sharks et n’est donc pas un faire valoir, mais il est moins puissant que Spies. Il faudra tout de même se méfier de lui. Sinon, aucun besoin de rappeler qui est Schalk Burger.

* Charnière: Une référence mondiale au poste de demi de mêlée, une future référence à l’ouverture, rien que ça. Fourie du Preez a tout pour lui et devrait logiquement recevoir le prix de meilleur joueur de l’année. Morné Steyn est moins connu du public car il ne s’est révélé que lors de la tournée des Lions. Impressionnant au pied, il doit désormais confirmer face aux nations européennes lors de ce tour. Ca ne devrait pas être un soucis pour lui. Celui qui a été longtemps bloqué par Derick Hougaard chez les Bulls et par Butch James et Ruan Pienaar chez les Boks est désormais indiscutable.

* Centres: Là aussi les Français ont un bon coup à jouer, l’absence de Jean de Villiers étant très préjudiciable aux arrières Sud Africains. Bien que Jaque Fourie soit un excellent centre, l’absence de son partenaire habituel devrait le brider, car Adi Jacobs est loin d’avoir le niveau du néo Munsterman. J’aurais préféré voir Wynand Oliver à sa place, mais n’avoir inscrit aucun essai en une vingtaine de sélection est un gros désavantage pour le centre des Bulls. Si la paire française est aussi expérimentale, David et Mermoz sont excellents depuis le début de saison et semblent complémentaires.

Zane Kirchner

* Ailes: Habana paraît un peu en retrait cette saison, ou alors ce sont ses coéquipiers qui prennent plus d’initiatives et se reposent moins sur le nouvel ailier des Stormers. De l’autre côté, JP Pietersen a été préféré à Ndungane. En fonction de l’adaptation de Maxime Médard à l’aile, les Français n’ont rien à envier aux Boks avec un Clerc qui revient petit à petit à son niveau du tournoi 2008.

* Arrière: Je n’aime pas Traille… que ce soit au centre, à l’ouverture ou à l’arrière (peut être bientôt à l’aile ou en deuxième ligne). Il semble avoir un crédit infini auprès des sélectionneurs depuis ses débuts en bleus, alors que d’autres ont été sacrifiés pour moins que ça. Un coup de pied énorme ne fait pas tout malheureusement. Face à lui Zane Kirchner a pris la place de François Steyn parti jouer à Colombes. Il n’a qu’une cape chez les Boks, mais a été plutôt performant en Super 14 et en Currie Cup. Il n’a rien à perdre.

Voila le topo… verdict vendredi soir.