Ce premier tir groupé de courts-métrages (programmé après le deuxième), s’inscrit également dans la section Sélection 2009, dont un jury d’étudiants en départagera le meilleur. Un jury qui compte sept étudiants, rectifions ici une erreur faite lors de la rédaction et la diffusion de l’article consacré aux courts-métrages 2, où nous en avions mentionnés que cinq. Mea culpa. Ainsi donc…
[Fish de Byun Byung-jun]
Dans ce court-métrage de Byun Byung-jun, nous suivons en parallèle la découverte d’un corps sans vie par un pêcheur et le quotidien d’une jeune fille Eun-Jin, qui travaille dans un cybercafé à mi-temps. Cette dernière attend le retour de son patron alors que la police arrive sur les lieux de la noyade…
Fish joue la carte d’un pseudo thriller basé sur un faux suspens dont l’évidence frappe. Il n’y a pas grand-chose à en retenir si ce n’est l’atmosphère quelque peu étouffante qui s’y dégage. Le réalisateur ne raconte finalement rien en presque une demi heure, si ce n’est qu’un prédateur rôde. Jeune fille faites attention. Une question me turlupine : Byun Byung-jun ne réalise-t-il pas Fish comme une carte de visite qui lui permettrait d’en faire un long ? Qui sait… ? On a peut-être bel et bien assister à la demi heure d’un futur long de 2h30 qui s’amuserait à mélanger Memories of Murder et The Chaser…
[Stop de Park Jae-ok]
Dans Stop, Young-seok est au volant de sa voiture. Accompagné de sa mère qui ne cesse de s’amuser à lever et baisser la fenêtre, il commence sérieusement à perdre son calme. Soudain, il braque le volant de son véhicule pour éviter un camion… Le temps s’arrête alors…
Park Jae-okmet en scène avec ce dessin animé une petite comédie bien sympathique qui sait divertir. L’idée est originale, les personnages sont attachants. On passe un agréable moment. Bien pensé, bien réalisé.
[Hybrid de Saino Kim]
Á l’heure où l’on parle de plus en plus de biocarburant, d’un pétrole polluant qui se raréfie, ce court fait étrangement allusion à cette actualité. Dans la campagne reculée, un camionneur prend en stop un routard français. Ils font un bout de chemin ensemble. C’est alors qu’au détour du voyage, l’auto-stoppeur va faire une découverte bien étrange…
Avec Hybrid, Saino Kim nous plonge dans un univers redneck sud-coréen dans lequel il parvient à maintenir une aura mystérieuse autour du camionneur. On s’invite chez ce dernier par le biais du voyageur français. On aime à croire que l’auteur ait réalisé ce court dans une démarche profondément écologiste. Ce film est réussi bien qu’on aurait aimé plus de sobriété dans le jeu de l’acteur français que le trop plein de dialogues nuit. A la place, un langage corporel plus travaillé aurait été apprécié et davantage en accord avec sa relation avec le camionneur coréen.
[Coldblood de Park Mi-hee]
Coldblood raconte l’histoire d’un conducteur de voiture qui évite de justesse un cycliste, lui passe de front avec vélocité. Hors de lui, le conducteur rattrape le (la) jeune cycliste et lui donne une leçon, s’en suit alors une poursuite infernale entre ces deux là…
Park Mi-hee se loupe. Coldblood ne captive pas. On assiste à sa projection passivement, bien que le début donnait à voir. Malheureusement on reste dans l’attente d’une chose qui ne viendra pas : du sens à l’ensemble. En gros, on nous rejoue le Duel de Spielberg entre une voiture et un VTT et après ? Pas grand-chose. Pas de suspens. Pas de but défini si ce n’est de permettre à son auteur de jouir d’un grand défouloir qui n’a ni queue, ni tête. Ce court-métrage ne laisse pas une grande impression, il s’oublie vite. Un grand bof de désapprobation.
[Too bitter to love de Gone]
Le court-métrage, Too bitter to love met en scène un couple de lycéens qui vivent leur première expérience amoureuse. Alors que le jeune homme sort acheter de quoi manger, le voisin de ce dernier pénètre dans la chambre et se retrouve seul avec sa bien aimée…
Voilà l’un des courts-métrages les plus dérangeants. Too bitter to love de Gone commence comme un film bon enfant (ah les premières fois… que de nostalgie) et puis insidieusement comme un boa qui enroule sa proie la sentence frappe. On assiste à un point de rupture qui bouleversera à jamais la vie de l’héroïne, une punition d’autant plus symbolique que sa mère croyante lui a offert un anneau de virginité. L’auteur s’intéresse ici à une vie qui bascule en un instant et dont les conséquences sont désastreuses. Un traumatisme vécu en silence comme une honte impossible à communiquer. On sent ce poids chez cette jeune fille qui souffre en silence, sans pouvoir dire les choses, sans pouvoir en informer sa mère. La dernière scène est des plus touchantes pour cela. L’actrice parvient à rendre à l’écran tout ce qui la tiraille avec un jeu tout en finesse et sincère. Constat après visionnage : ça calme.
I.D.