Sur un total de 254 collèges « ambition réussite », 186 ont perdu « jusqu'à 10% » de leurs élèves du fait de l'assouplissement de la carte scolaire instauré à la rentrée 2007 par Xavier Darcos. C'est ce qu'affirme la Cour des comptes, dans un rapport présenté cette semaine devant la commission des finances du Sénat.
PARIS (AFP) – La politique d’assouplissement de la carte scolairerisque de créer des « ghettos scolaires« , selon une enquête de la Cour des comptes sur « les dispositifs de la politique de la ville et de l’Education nationale dans les quartiers sensibles », dont l’AFP a eu copie vendredi.En 2008, sur les 254 collèges « ambition réussite », 186 établissements ont perdu des élèves, « ce qui s’est traduit par une plus grande concentration dans ces collèges des facteurs d’inégalités contre lesquels doit lutter la politique d’éducation prioritaire », peut-on lire dans cette enquête, réalisée à la demande de la commission des Finances du Sénat.
Depuis la politique d’assouplissement de la carte scolaire engagée en 2007, il s’agit des premières statistiques à caractère officiel à ce sujet.Le réseau « ambition réussite », créé après les émeutes de 2005, regroupe les établissements les plus en difficulté du système d’éducation prioritaire.
« Compte tenu d’une augmentation des demandes de dérogation de 29% en 2008, les effectifs des collèges ont évolué de façon fortement différenciée selon les établissements : certains ont pu enregistrer des pertes d’effectifs pouvant aller jusqu’à 10%, alors que d’autres connaissaient des progressions allant jusqu’à 23% », écrit encore la Cour des comptes.Dans un même « bassin de formation », la Cour appelle donc à une plus grande « coordination » entre les établissements scolaires, afin de « lutter contre l’existence ou la constitution de +ghettos scolaires+, en corrigeant les effets éventuellement négatifs des modalités de sectorisation scolaire ».
« A défaut, en effet, les effets de la concurrence aboutiraient à un écart excessif entre les établissements, ce qui, comme l’enquête PISA de l’OCDE le montre clairement, constitue une des caractéristiques du système éducatif français les plus défavorables à sa performance », conclut la Cour à ce sujet.
Au ministère de l’Education nationale, on précise que le ministre Luc Chatel attend d’ici fin 2009 une étude « plus détaillée » de ses services.Sans contester l’enquête de la Cour, le ministre veut mettre l’accent sur les quelque 50 établissements « ambition réussite » qui ont gagné des élèves et sont devenus « plus attractifs », ainsi que sur la « satisfaction » des familles concernant l’assouplissement de la carte scolaire.