Libres propos - Identité nationale : le dernier rempart

Publié le 12 novembre 2009 par Leoweb

Le seul signe de reconnaissance résolument indiscutable  et non polémique de “l’être Français” du XXIe siècle, pour nos bébés “de  souche” comme pour nos immigrés de tous âges et de toutes origines, se  conquiert dans le long effort d’apprentissage d’une langue commune à  tous les Français.
Mais ce plus petit dénominateur commun cache sans  doute le plus grand, car toute langue véhicule la richesse d’une  culture, d’une histoire et d’une sociabilité qui lui sont propres : au  point de définir une identité nationale beaucoup plus sûrement que des  lieux de naissance, des diplômes ou des papiers d’identité !
En  langue française, c’est la maîtrise de la propriété des termes et des  constructions grammaticales, incluant le conditionnel et le subjonctif,  qui détermine la capacité à raisonner, discuter, convaincre, comme la  forme interrogative et le bon usage du vocatif induisent la courtoisie  des relations avec le prochain. On se reconnaît soi-même et se fait  reconnaître comme Français au mot juste, à la clarté des constructions  verbales, à l’élégance et à la précision des écrits. Peu importe qu’il  n’y ait point d’égalité possible dans la maîtrise d’une langue aussi  riche et rigoureuse que la nôtre : c’est le sentiment d’appartenance et  la tension vers un modèle d’exception, reconnu comme tel, qui peut et  doit créer le consensus patriotique, au quotidien.
Dans un pays où  une part grandissante de la population, autochtone ou non, ne sait plus  lire, écrire ni parler sa langue nationale, au point de s’exprimer sans  vergogne avec moins de trois cents mots ou phonèmes significatifs  différents, l’identité nationale est menacée de disparition à court  terme, quelles que soient la religion de ses habitants, leur origine  ethnique et la couleur politique de son gouvernement.
Le combat pour  la survie de la langue française – premier et seul garant “apolitique”  de notre identité nationale – constitue peut-être le dernier rempart.  Commençons par stopper la dégradation vertigineuse de notre patrimoine  linguistique sur les bancs de l’école, dans le huis clos des familles,  les communications d’entreprises, nos courriels, nos blogs, nos forums  et bien sûr aussi nos échanges directs, dans la rue, entre concitoyens.  Tout le reste nous sera donné par surcroît.

Hugues Kéraly  
http://sedcontra.fr