L’Albatros

Par Jeanyvessecheresse

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !

L’un agace son bec avec un brûle-gueule,

L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Charles Baudelaire

Maintenant que ce poème de Baudelaire est relu, retour à la réalité, voici quelques-unes des photographies mises en ligne par le photographe Chris Jordan sur son site.

Barcelone, le 13 novembre 2009.

Photo: DR. (c) Chris Jordan - http://www.chrisjordan.com