« Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. » (Déclaration universelle des Droits de l'homme, 1948, article 19).
La SGDL et L'ATLF reviennent à leur tour sur les propos tenus par le député UMP Éric Raoult, qui avait demandé à Marie N'Diaye un « devoir de réserve », alors qu'elle avait évoqué une France monstrueuse et un Sarkozy qu'elle appréciait peu. Ainsi, il souhaitait que « le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l'image de notre pays. »
« Au-delà de l'absurdité de cette exigence et de l'ignorance dont elle témoigne, c'est, à notre connaissance, la première fois depuis des décennies, qu'un homme politique élu réclame publiquement la restriction de la liberté d'expression des créateurs » dénoncent-ils.
Évoquant la loi dite Le Pors de 1983, et renvoyant le député à ses études de droit - en même temps il n'en a jamais fait - ils rappellent que « a liberté d'opinion est garantie aux fonctionnaires » dans l'article 6. Comment se pourrait-il que l'on demande à un citoyen écrivain, ce que l'on accorde aux agents de l'État ?
En outre - et là, le point Godwin est enfin atteint - la défense d'une image du pays, « renvoie aux heures les plus noires de notre histoire ». L'auteur ne serait alors qu'un « agent destiné à servir le pouvoir » qui dériverait bien vite vers l'idée d'un écrivain « national ». Tiens donc !
« Les associations d'auteurs et de traducteurs littéraires tiennent à exprimer la très vive inquiétude que leur inspirent ces propos. Elles considèrent pour leur part que leur “devoir” est de protéger et d'entretenir la liberté d'expression en France, mission qu'elles ont remplie et rempliront encore à l'avenir. »
Heureusement, le député Raoult s'est depuis rétracté, en évoquant plutôt « un principe de modération ».