Anthologie permanente : James Sacré

Par Florence Trocmé

Le mot chair (ou la chose) qui s’est aussi construit tout autrement gourmandise qu’on a vécue retour à l’école en passant sous les cerisiers déjà dans les champs après le haut de la côte presque en sortant du bourg, cerises cœur de pigeon les premières dans le feuillu des branches basses quelque chose de neuf et de parfait : qu’on a mis dans le mot plaisir. Mais dans la chose ?

Le désir échappe à mon poème
En repassant par des paysages déjà parcourus
À cause que de la lumière manque, temps gris,
L’éclat de pierres noires sur les pentes pétries de chaleur
N’est plus rien qu’une étendue de caillasse terne.
Entre Alnif et Tazzarine
Dans le piedmont sud du djebel Sarhro
Sijilmassa aussi a quasiment disparu
On n’entend plus que des mots.
Il y a des formes qui s’enferment dans les sables.
Ce désir est un désert.
James Sacré, Le désir échappe à mon poème, dessins de Mohammed Kacimi, éditions Al Manar, 2009