X 2585 - 02. 06. 09
Page, sur Sappho — ou sur Eschyle — combattait de toutes ses forces le sens donné à un passage, s’il n’est pas le plus naturel ou le plus réaliste, ou le plus conventionnel qui soit, si jamais il se situe hors de la pure facticité. Il défendait de son temps les bases du métier et de la compétence. Les informations qu’il recueillait étaient reconnues et utilisées ; elles risquaient d’être remises en question par un autre type de lecture qui ne leur répondait pas. On lisait mal, oui, et lui, en un sens, ne lisait pas du tout. Il lui fallait donc réduire radicalement la portée de tentatives venues de l’extérieur. Elles s’affirmaient en dehors de l’enceinte d’une science rigoureuse, fût-elle réductrice. Ce qui lui paraît spéculatif, ou arbitrairement symbolique, est souvent effectivement à côté de la plaque, dans l’histoire des lectures. On est tenté parfois de suivre Page et de partager ses refus. Mais pas lorsqu’il élimine le principe de quelque ouverture que ce soit ou d’undépassement ; il ne peutplus dans ce cas faire le tri entre le vrai et le faux, entre la hardiesse véritable qui remonte à l’auteur et les sottises fantaisistes, qui prolifèrent à foison.
X 2592 -08. 06. 09
La précision prime, chez Page et d’autre Anglais. L’information aussi complète que possible, dans tous les domaines impliqués, est la première des finalités. Cette enceinte très concrète attribuée à la recherche est délimitée, et elle a ses limites, dans tous les sens du mot. Les auteurs s’emploient à ne pas empiéter sur d’autres terrains de la pratique. L’origine du scepticisme est là, dans la circonspection. La matière sémantique devra répondre aux règles suivies ailleurs ; la précaution restera le principe directeur. Le travail préalable exigeait cette restriction et le renoncement ; les règles sont ensuite étendues au sens qui tantôt se reconstitue, dans les textes, tantôt pas.
©Jean Bollack, contribution de Tristan Hordé