Exposés de: Jean-Pierre DEMAILLY, professeur d'université (Grenoble), membre de l’académie des sciences, président d’honneur du GRIP(Groupe de recherche interdisciplinaire sur les programmes)
Michel DELORD, professeur certifié de mathématiques, membre du conseil d'administration de la SMF (2002/2008),membre de la commission enseignement de la SMF,coprésident du GRIP Pascal Dupré,instituteur,coprésident du GRIP,auteur de manuels de mathématiques pour l'école primaire .
Extrait (début) de l'exposé de J.P. Demailly:
Enseignement des Mathématiques :Etat des lieux et perspectives de renaissance :
"Les évolutions de l’enseignement des mathématiques ont accompagné, parfois en les devançant, les multiples réformes du système éducatif français, en particulier depuis la réforme des mathématiques dites modernes.
Après presque quatre décennies, quel bilan ? Tout d'abord, le pessimisme absolu serait sans doute excessif.Après tout, la période de la Renaissance a quand même vu s'éclore de grands érudits et de grands savants malgré l'absence de tout enseignement public organisé.Aujourd'hui encore, la recherche française se porte plutôt très bien en mathématiques et elle est également beaucoup plus qu'honorable dans de nombreux autres secteurs.C'est néanmoins l'arbre qui cache la forêt. En effet, la recherche scientifique est portée par des effectifs d'étudiants issus de filières de formation de haut niveau (écoles normales supérieures, école polytechnique, écoles doctorales) situées dans quelques secteurs privilégiés, et pour une grande majorité, ces étudiants ont en réalité acquis beaucoup de connaissances ailleurs que dans la matrice du système éducatif,par imprégnation dans leur milieu social ou par leur travail personnel acharné.En réalité, si on met de côté les 10 ou 20 meilleurs futurs chercheurs français du domaine,on s'aperçoit que les quelques dizaines d'étudiants qui les suivent ont déjà subi un retard de formation d'un ou deux ans par rapport à leurs aînés d'il y a 15 ou 20 ans : j'ai pu le constater moi-même à l'occasion de cours donnés à l'école normale supérieure. Ce retard finit par se combler, et les conséquences à long terme pour le pays se limiteront probablement à la perte potentielle de quelques grands prix internationaux et à un recul progressif du rayonnement international de notre pays dans les secteurs où la France occupait traditionnellement une place prééminente.
En revanche, on assiste depuis une quinzaine d'années à un véritable effondrement du niveau de formation à l'entrée de l'université, dans toutes les sciences dures, et les conséquences à court terme pour la formation des professeurs sont tout à fait catastrophiques.On a en effet le sentiment que de nombreux étudiants admis aux concours de recrutement, du professorat des écoles et du CAPES ne possèdent plus les connaissances disciplinaires nécessaires pour assurer une transmission des connaissances efficace aux générations futures (mais il est hélas vrai que ce n'est plus l'enjeu essentiel dans le secondaire, tant la gestion des classes est devenue difficile ! " ...
Le résumé complet des exposés est ici