On sait depuis longtemps ques les peuples germaniques anciens (Francs, Saxons, Burgondes, Wisigoths, puis à partir de la fin du VIIIème siècle, Vikings norvégiens et danois), ont apporté une contribution majeure à la formation politique de la France. Les études historiques, linguistiques et archéologiques récentes montrent que leur apport fut aussi sensible dans les domaines culturels et linguistiques. Voici trois nouveaux ouvrages qui livrent des données passionnantes à ce sujet.
E. Ridel, Les Vikings et les mots. L'apport de l'ancien scandinave à la langue française, Editions Errance, Paris, 2009.
Les Vikings se sont établis au cours des IXe et Xe siècles dans une partie de l'ancienne Neustrie carolingienne. Ils n'ont pas bouleversé les structures matérielles et politiques de la société franque mais ont laissé des traces linguistiques bien perceptibles dans l'onomastique (noms de personnes et de lieux) et le lexique. Ces hommes ont, en effet, transmis à leurs descendants tout un vocabulaire issu de leur civilisation, ultime vestige de leur langue disparue : l'ancien scandinave.Pour la première fois, les « mots des Vikings » en langue d'oïl ont été inventoriés et examinés selon des perspectives scientifiques. Rassemblés dans un glossaire, ils ont fait l'objet d'investigations linguistiques minutieuses qui présentent leur sens, leur prononciation, leur forme, leur étymologie et leur histoire, tout en s'appuyant sur des citations (depuis les plus anciennes chartes médiévales jusqu'au patois de Normandie), sur des comparaisons avec les langues d'Europe du Nord et du Nord-Ouest et sur des documents iconographiques qui éclairent la vocation maritime de ce lexique. Le glossaire est précédé d'une analyse historique, lexicologique et quantitative, qui permet de comprendre les conditions d'emprunt et de survivance des mots d'ancien scandinave au sein de notre langue.Cette étude apporte un complément appréciable aux recherches historiques et archéologiques menées ces dernières années sur le dossier scandinave de la Normandie. Elle tend également à confirmer l'acculturation rapide des Vikings à la société carolingienne, malgré des éléments originaux qui se manifestent dans le domaine maritime.
S. Lemagnen (dir.), La tapisserie de Bayeux : Une chronique du temps des Vikings ?, Editions Point de vues, Paris, 2009.
Le colloque qui s’est tenu en mars 2007 autour de la Tapisserie de Bayeux a abordé à la fois la célèbre broderie (son histoire, ses origines, son empreinte dans la littérature, ses détails...) et son contexte historique. Le livre s’adresse ainsi autant aux amoureux de la Tapisserie de Bayeux, qu’aux passionnés d’Art et d’Histoire.
Les plus grands spécialistes du sujet, venus de France et d’étranger, se sont réunis lors de cet exceptionnel événement. À travers les dernières études universitaires menées, ce colloque fait le point sur l’avancée historique de la plus fabuleuse épopée de l’histoire des Normands : les silences de la broderie; les sources artistiques de la Tapisserie : Vikings, normandes, anglaises ou carolingiennes; la Tapisserie et sa parenté avec les tentures historiées scandinaves du Moyen Âge ; les animaux, les bateaux dans la broderie, la perception de l’oeuvre...
M. Kulikowski, Rome et les Goths, IIIème - Vème siècle. Invasions et intégration, Editions Autrement, Paris, 2009.
Vers la fin d'août 410, l'armée des Goths, à court de vivres et au bord de la mutinerie, stationne aux portes de Rome affamée.Son chef Alaric n'a plus d'autre issue que de piller Rome. En trois jours, la Ville éternelle succombe... pour la première fois depuis huit cents ans. Cette date de 410 fut longtemps considérée comme marquant la fin brutale de l'Antiquité. Les Goths, des barbares venus de l'est, auraient, en cent ans de guerres incessantes en raison de cultures supposées irréconciliables, attaqué l'Empire romain jusqu'à sa perte.Il n'en est rien. Ce sac de Rome par Alaric vient clore une période de deux cents ans - les IIIe et IVe siècles - au cours de laquelle les Goths, peuples des confins, se sont intégrés peu à peu au monde romain. Rome et les Goths explique, grâce à une relecture critique des textes anciens, les premières mentions des Goths aux frontières du monde romain, leur entrée en relation avec l'immense puissance de Rome et leur riposte violente quand l'armée romaine fut envoyée pour les détruire.Amis ou ennemis de l'Empire, les Goths sont inséparables de l'histoire de Rome, entre invasions et intégration. Une relecture passionnante et provocante de la fin de l'Empire romain d'Occident.