Alors que plusieurs projets de reconversion se sont succédé, l’ancienne salle de spectacle du Grand-Parc, fermée depuis 1990, se cherche toujours un destin.
Le mois dernier, après de longues années de silence radio, les murs de la salle des fêtes du Grand Parc se sont à nouveau mis à retentir, au son d’une vieille ritournelle des Clash. L’installation sonore conçue par l’artiste Anri Sala pour Evento a vite pris des airs de pèlerinage pour vieux rockers nostalgiques. Car dans les années 70 et 80, la salle a vu passer de nombreuses légendes du rock, d’Iggy Pop aux Ramones, en passant par Taxi Girl ou The Cure. « C’était une salle municipale que n’importe quelle asso pouvait louer. Elle n’était pas chère, avait une configuration intéressante et une acoustique superbe », se souvient Jean-Philippe, ancien spectateur assidu et organisateur de concerts au sein de l’association Rockotone. Depuis que la salle a été fermée en 1990 pour des raisons de sécurité et de nuisances sonores, cinq projets de reconversion se sont succédé. Avec tous pour point commun de n’avoir jamais vu le jour. Il a d’abord été question d’en faire une salle polyvalente, à deux reprises. En 2002, on a songé à la transformer en maison de la danse, puis en salle de roller ou de concerts en 2005. Le dernier projet en date qui remonte à 2007 consistait à aménager une maison de l’emploi et des bureaux pour les associations du quartier. L’idée a si peu convaincu qu’elle s’est soldée par un concours d’architectes infructueux. Les propositions des trois cabinets appelés à plancher sur le projet ne respectant pas le cahier des charges. Parmi eux Olivier Brochet, qui préconisait de construire la maison de l’emploi... à côté de l’édifice conçu par Claude Ferret dans les années 60. « C’était incompatible avec la structure initiale. On ne fait pas des bureaux dans une salle noire », se défend l’architecte, qui assure que les possibilités de reconversion de la salle sont vastes. « Elle peut devenir une salle d’exposition, de répétition, un showroom commercial... et pas seulement une salle de rock ». Depuis, aucun nouveau projet ne semble se dessiner à l’horizon. « Plusieurs hypothèses d’occupation ont été reçues par la ville », assure Anne-Marie Cazalet, maire adjointe du quartier, mais sans en révéler la teneur. Redonner à la salle des fêtes sa vocation culturelle n’est certes pas exclu, mais l’adjointe au maire note que « les habitants du Grand Parc sont en demande d’un équipement de quartier, d’un espace de vie, d’un lieu de réception, pas forcément d’une salle de concert. » Une perspective qui hérisse Michèle Delaunay, députée PS de Bordeaux et conseillère générale, qui milite en faveur de la réouverture de la salle depuis plusieurs années : « J’appelle de mes vœux un équipement culturel qui ne soit pas réservé qu’aux gens des barres et des tours. Un lieu culturel et festif, attractif à l’échelle de la ville ». Et ajoute, cynique, que « les élections cantonales risquent d’accélérer les choses».Annabelle Georgen’