David Lescot livre cette semaine deux de ses créations sur la scène du TnBA : «L’européenne» et «La commission centrale de l’enfance». Rencontre
Quel est le lien entre les deux spectacles que vous présentez ?
Dans les deux pièces circule l’histoire de l’Europe de l’après-guerre. Dans «l’Européenne», la construction « La commission centrale de l’enfance », plus intime, est un aller-retour entre mes origines personnelles et cette organisation née de la guerre pour les juifs et qui a perduré jusqu’à la chute du Mur de Berlin.
La musique est aussi présente dans les deux oeuvres...
C’est vrai. J’écris de manière musicale. La salle de mariage entre le texte et elle c’est le théâtre. Les acteurs chantent sur scène et moi-même quand je ne veux pas être seul, je convoque ma guitare.
D’ailleurs, vous avez reçu le Molière de la révélation théâtrale cette année pour «La commission centrale de l’enfance»....
J’aurais été très heureux si je n’avais eu que la reconnaissance publique. C’est la première fois où j’étais seul en scène, j’avais besoin de cela.
L’Europe reste un sujet assez délicat, pourquoi ce choix ?
C’est justement ce qui m’a motivé. A partir d’un sujet austère, j’ai souhaité réaliser une comédie déjantée, burlesque. J’adore les institutions avec des règles incompréhensibles. Il y a des terminologies farfelues comme «l’intercompréhension passive» que l’on retrouve dans le spectacle et qui existe dans la réalité. Je me suis nourri d’un livre d’anthropologie sur les sessions parlementaires de Strasbourg. Il s’agit d’une véritable tribu avec ses propres moeurs. Deux axes se dégagent de mon travail : d’abord, l’histoire de l’hymne européenne qui se révèle rocambolesque et traverse deux siècles. Et puis les langues : 5 sont parlées dans la pièce sans sur titrages. Elles sont sources de dysfonctionnement de l’Institution.
Quelle place occupe la France dans tout ça ?
Quand on évoque l’Europe, on se réfère surtout au couple franco-allemand. La pièce penche plus ici vers le Sud avec l’Italie et le Portugal tout en étant teintée vers l’Est pour ce qui est de la musique. La France apparaît via un poète. Il voudrait écrire une épopée européenne mais bafouille plus qu’autre chose...
Propos recueillis par Carine Caussieu
Rencontre avec l’équipe artistique ce soir à 20h30 à l’issue de la représentation et jusqu’à samedi au TnBA. «La commission centrale de l’enfance» jusqu’au 21 novembre. 8-25€