Le livre de Jean Laliberté, Les fonctionnaires, explique merveilleusement bien les inefficacités inhérentes à la fonction publique. À la lecture de ce livre il ne peut y avoir qu'une conclusion : le gouvernement sera toujours un piètre fournisseur de service.
Au cours des prochaines semaines je publierai plusieurs extraits de ce livre que je considère particulièrement révélateurs.
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Dans la fonction publique, le pouvoir tient en grande partie à l'information dont on dispose. Celui pour qui les jeux politiques sont importants sait que l'information est une ressource précieuse et cherche constamment à en recueillir. Les documents, les courriels, les discussions de corridor, les confidences, les commérages, etc., sont tous des éléments constituant les pièces d'un casse-tête lui permettant d'expliciter ses soupçons, ses questions et ses idées.
L'information est vue comme une monnaie d'échange et les fonctionnaires politiquement habiles insistent sur la réciprocité. La donner sans contrepartie s'apparente pour eux à du gaspillage. Ils ne fournissent aucune information sur-le-champ. Pour montrer que l'information à un prix, ils disent aux collègues et aux subalternes qui la demandent qu'ils vont y penser, qu'ils doivent chercher et leur laissent entendre que c'est compliqué. Les demandeurs sont ainsi amenés à croire qu'une faveur importante leur est faite et qu'ils ont contracté une dette. Par ailleurs, ces mêmes intrigants pratiquent l'art de soutirer de l'information stratégique en faisant croire à leur interlocuteur que c'est anodin, par exemple savoir d'une secrétaire qui le patron rencontre, sur quel dossier il travaille et quel est le contenu de son agenda. (p. 171-172)