"L'écrivain Marie Ndiaye aux prises avec le monde"
Vous pouvez lire de nombreux articles sur le sujet dans BibliObs, dont
"Comment Marie NDiaye a coupé l'herbe sous le pied à Eric Raoult"
Or cet entretien valait bien plus que la polémique née de la seule soif de Raoult d’être présent dans les médias. A lire donc.
Extraits :
« Je suis allée deux ou trois fois en Afrique, c’est un lieu qui m’intrigue, me fascine aussi, car je sens que j’y suis radicalement étrangère. Quand j’y suis et que les gens voient mon nom et la couleur de ma peau, ils pensent que je suis des leurs. Or, par mon histoire, c’est faux. J’ai souvent rencontré des Français qui ont été élevés en Afrique et qui sont plus africains que moi. Alors qu’eux, en Afrique, dans le regard des autres, ils restent étrangers… Ironiquement, c’est en France que je peux paraître étrangère. »
sur les Noirs en France
« La couleur de la peau n’importait pas, ce qui comptait c’était l’école, les diplômes, une égalité entre tous les citoyens dès lors qu’ils sont à un même niveau d’études… En fait, ça ne marche pas tout à fait comme ça. [Mon frère] a fini par s’en apercevoir. Il habite depuis quelque temps porte de la Chapelle et prend tous les jours le RER gare du Nord, et même s’il est toujours absolument correct dans sa mise, avec costume, etc., il est sans arrêt contrôlé par la police, qui le tutoie d’emblée. Ce qui n’arriverait jamais avec le même genre d’homme s’il était blanc. Lui il est agrégé, peut réfléchir à ça, prendre de la distance, mais qu’est-ce que ça doit être dans la tête d’un jeune de 20 ans ? Quelle violence cela doit être, quelle haine ça doit développer… C’est très troublant. »