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Petite histoire de la vie quotidienne sur Twitter

Publié le 11 novembre 2009 par Prland

Depuis le début de l’année, j’ai eu l’occasion 2 fois de travailler pour des personnalités extrêmement actives sur Twitter. Et de mesurer au passage l’impact de l’explosion du site de micro blogging sur mon métier.

D’un côté, les people, politiques et décideurs ont trouvé dans Twitter à partir de 2008 un canal d’expression direct avec leurs fans, électeurs et parties prenantes, simple à manier, peu chronophage, sans équivalent pour créer de la proximité.

De l’autre, des journalistes, souvent web mais pas que, ont été attirés par cette nouvelle source directe d’info surtout à partir de la fin 2008, jusqu’à créer une véritable communauté qui y vit ses propres histoires et rassemblements comme d’autres l’avaient fait avant.

Au centre, des marketeux et communicants dont je fais partie, qui ont défriché en 2007, tenté des expériences plus ou moins heureuses en 2008 et se retrouvent un peu à compter les points en 2009.

Avec Twitter, la donne a changé : les émetteurs s’expriment directement, sans filtre, rédigent eux-même (en tout cas pour ceux qui comptent vraiment), s’autorisent de la spontanéité. Et c’est évidemment sain, je serais assez mal placé pour m’en plaindre. Ils interagissent avec leur “public”, entrent dans le débat d’idées (quitte à les morceler en micro-idées). Les journalistes y voient une belle occasion d’y piocher des petites phrases ou de court-circuiter des barrages de communicants probablement perçus comme lourds.

La tentation de penser que ces nouveaux canaux rendront bientôt inutiles les professionnels des RP qui entourent ces personnalités est forcément présente. Un échange sur Twitter vient de nous en donner une belle illustration.

A ma gauche, le journaliste du Monde Xavier Ternisien, très visible sur Twitter, auteur d’un papier qui a fait polémique dans le petit monde journaliste au mois de mai dernier sur les “forçats de l’info“.

De l’autre, Nathalie Kosciusko-Morizet, Secrétaire d’Etat à la Prospective et au Développement de l’Economie Numérique, par nature forcément très présente sur les réseaux sociaux et donc en particulier sur Twitter.

Un échange a attiré mon attention dans la stupeur de ce 11 novembre :

xternisien

Que Ternisien tente le coup, c’est son boulot. Que NKM renvoie vers son administration, c’est louable même si elle positionne quelque peu sa conseillère com en responsable de son agenda. Que le journaliste se permette un point de vue sur le sujet est au mieux un trait d’humour pas super élégant, au pire la remarque la plus con de l’année.

J’ai donc pratiqué très directement ce système à 2 reprises cette année, en dehors du monde politique, dans le milieu sportif et people. Chaque tentative des journalistes (que j’avais suivie en live sur Twitter donc) s’est soldée par des relations tendues avec les enquêteurs qui revenaient vers nous en s’étonnant de ne pas obtenir de réponses, de ne pas avoir de grain à moudre plus exclusif que ce qui est dorénavant disponible pour tous. Leur meilleure défense étant l’attaque. J’avoue avoir pris un malin plaisir dans ces moments là à rappeler à mes interlocuteurs que, Twitter ou pas, les RP continueraient à jouer leur rôle de facilitateur, à identifier en 10 minutes les témoins nécessaires pour rendre le sujet “humain” en offrant des regards croisés, à sortir un acteur de réunion pour éviter de planter un bouclage, à envoyer la photo haute def que le journaliste n’a pas sous la main, à dégoter l’invitation pour l’événement inratable qu’il a failli rater, à fournir des éléments de contexte aussi complet que possible qu’on invite toujours à recroiser avec d’autres sources. Et que je n’étais bien sûr pas au courant de leur demande puisqu’elle n’était pas passée par moi.

Pour les années qui viennent, je sais déjà que j’apprendrai de mes clients des informations sur Twitter, qu’ils mettront par terre en moins de 140 caractères un calendrier de lancement calé avec minutie depuis des semaines, que toujours plus d’agilité sera nécessaire pour composer avec le bruit sur les medias sociaux qu’il n’est déjà plus possible d’anticiper. Mais une chose est sûre, le job des “conseillers com” n’en sera que toujours plus nécessaire, pour les émetteurs et surtout pour les journalistes.


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