Je suis un fan de Wikipédia. J’ai publié sur l’encyclopédie en ligne dès 2005, presque 5 ans déjà. De nouveaux articles ou de simples compléments, un peu partout, d’ailleurs. Des articles sur le sport, la littérature, la politique, les arts, les entreprises, les blogs. Fort peu sur l’histoire ou les sciences, domaines dans lesquels je n’ai que peu de compétences d’un niveau encyclopédique. Mais une grande variété de contributions, du prix Nobel de littérature israelien Agnon au driver Jean-René Gougeon, de CATIA aux blogs d’entreprise. Il m’arrive même de contribuer, plus rarement, aux versions en hébreu ou en anglais. C’est l’avantage de pouvoir naviguer entre trois langues, trois cultures. Bien sûr, je sais comment fonctionne Wikipedia.
Je sais que les articles se construisent par itérations successives, et que c’est là le principal attrait de cette encyclopédie, qui permet de confronter les savoirs acquis par des individus différents, et de construire un contenu fruit d’une “intelligence collective”. Je sais que certaines de mes modifications sont elles-mêmes retouchées, modifiées, voire supprimées. Que certains articles seront renommés, tranchés en sous articles. Que d’invisibles mains besogneuses passeront après moi pour enrichir ces articles, par des classifications plus riches ou plus précises.
Acte 1
La première concerne le FERIP, premier fichier européen d’impayés créé par un de mes clients, la société MisterKol. Je veux bien reconnaître que la pérennité de ce fichier et de cette société n’étant pas acquise, la publication d’un article sur ce sujet était précoce. Dont acte, la suppression de l’article sur un mode “vote: page à supprimer” était recevable.
Acte 2
La seconde concerne la première version de la page blog d’entreprise. Cette version mentionnait une série de blogs d’entreprise exemplaire, ceux de Boeing, de General Motors, de Yoplait ou de ING Renault F1. Elle mentionnait également quelques liens, non exhaustifs, bien sûr, sur le sujet: blueKiwi, blogAngels ou le livre de Debbie Weil. Cette version avait évolué, au fil des visites, certains ajoutant des liens intéressants (c’est ainsi que j’ai découvetr le blog de Sephora), d’autres moins inspirés en venant à renommer “blog” en “blogue”.
Et bien cette version a été “censurée”, victime de la même main vengeresse qui a puni l’existence de l’article sur le FERIP, au titre qu’on ne fait pas de publicité sur Wikipedia. Personnellement, je ne pense pas que la mention de quelques liens illustratifs constituent une forme de publicité. C’est d’ailleurs l’avantage de Wikipedia par rapport à d’autres formes d’encyclopédie: la possibilité de disposer d’articles plus riches dotés de liens. C’est d’ailleurs le cas sur la version anglaise du même article, qui continue à pointer vers le site de Debbie Weil, experte de ce domaine. La version française, elle, est désormais d’une aridité affolante.
Acte 3
La troisième a eu lieu hier, et m’exaspère violemment. Il s’agit d’un article sur le concept de coffret-cadeau. Je ne m’en cache pas, je travaille actuellement avec Option Evasion, inventeur – et oui, peu de gens le savent – de ce concept. C’est un des avantages de mon métier, qui me permet de discuter la même semaine avec des acteurs de l’agroalimentaire, un chanteur pour enfants, un acteur connu, un fabricant de lunettes, une start-up du web mobile ou un grand labo pharmaceutique. Cette richesse et cette grande variété de sujets me fournit, chaque jour, des éclairages innovants sur certains traits de notre société. Lorsque certains me semblent dignes d’intérêt, je n’hésite pas à en faire profiter le reste de l’humanité pr un détour sur Wikipédia.
C’est ce qui s’est passé avec Option Evasion, qui m’a expliqué la mécanique des coffrets-cadeau, comment ce concept a vivoté pendant quinze ans, avant de connaître une croissance prodigieuse ces cinq dernières années, grâce à la mise au point d’un système d’activation en caisse, qui a complètement modifié l’attitude de la grande distribution vis a vis de ces produits: désormais, la valeur du coffret-cadeau reste nulle tant que l’acheteur n’est pas passé en caisse. Cela semble simple, mais il a fallu attendre quinze années avant d’arriver au stade où le marché des coffrets cadeau représente … environ 2 milliards d’euros de chiffre d’affaire. Et où deux acteurs prépondérants, SmartBox et WonderBox, dominent le secteur. Bref, un article d’information généraliste, sur un sujet de société d’actualité, après l’affaire MagicBox, du nom de ce prestataire qui en jouant un peu trop sur la trésorerie que permet ce secteur, en était venu à léser ses propres clients, justifiant ainsi la création d’un syndicat professionnel du secteur, l’AFP3C.
Voilà, en résumé, quelle était la teneur de cet article. Pas de quoi fouetter un chat. Un intérêt peut-être limité pour certains lecteurs, que les sujets de société ou d’économie n’intéressent pas. Mais tous les goûts sont dans la nature, et il y a bien des lecteurs pour les sujets pochette surprise oucadeau publicitaire. Quant au fait de parler d’entreprises privées dans un article, que penser des articles dédiés à telle ou telle entreprise du CAC 40? Les grosses entreprises auraient-elles droit à un traitement de faveur, alors que les PME innovantes seraient interdites d’encyclopédie?
Alors pourquoi une telle censure, et un message aussi menaçant?
Epilogue
Désormais, je fait partie de la catégorie des “vandales avertis“. C’est trop d’honneur. Le message automatique laissé sur ma page utilisateur mentionne que j’ai “…découvert comme il est facile de modifier Wikipédia“. C’est oublier qu’un article aussi sybillin et futile que celui sur le coffret cadeau requiert une bonne heure de mise en forme, de recherche de références (notamment sur la croissance du marché ou sur le volume d’affaires représenté). Et qu’il est encore plus facile de le supprimer.
Cet article, que LPLT – administrateur dont la page mentionne tout en haut à droite “NON à la supressionite aigue” et dont je respecte avant tout l’admirable travail de sur Wikipedia – a décidé de supprimer, n’est qu’un article sur un phénomène de société, et non un article publicitaire.
Wikipedia est un formidable projet, dont je respecte l’éthique et la démarche.
- Je ne me serais jamais permis de polluer un article en faisant la réclame d’un produit ou d’une marque.
- S’il m’arrive de rajouter des liens, c’est vers des contenus dont la teneur offre un complément d’information important par rapport à l’article considéré, et en considérant que sans ces liens, le caractère hypertexte de Wikipedia risque fort de s’en trouver altéré (je rappelle, pour les experts du SEO, que ces liens sont en mode no-follow, donc sans effet aucun…). Wikipedia fait partie de ce web social auquel se réfère Versac.
- Je ne pratique aucune suppression arbitraire d’articles, ni de paragraphes, à aucun titre qui soit.
- Je ne propage ni contenu haineux, ni contenu à caractère sensible ou qui porterait à controverse (et dieu sait si je pourrais en avoir l’occasion), de manière à ne pas déstabiliser cette oeuvre magique.
- Et je reste confiant dans le savoir et l’honnêteté des administrateurs de l’encyclopédie en ligne
Alors je reste coi. Et me demande pour quelle raison le “coffret-cadeau” reste interdit de Wikipedia. Peut-être saurez-vous me le dire?
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